Deux poids, une mesure…
Le Premier Ministre Israélien et son gouvernement sont sans nul doute loin d’être exempts de reproches, mais, comme vient de le faire Karim Khan, Procureur de la Cour pénale internationale, mettre sur un pied d’égalité un gouvernement démocratiquement élu, aussi condamnable que soit sa politique, et un mouvement terroriste comme le Hamas, ne constitue ni plus ni moins qu’une ineptie… Peut-être faudrait-il commencer par rappeler que le plan de partage de la Palestine datant du 29 novembre 1947 et approuvé par l’ONU fut refusé par les autorités palestiniennes sous « l’amicale pression » des voisins de l’État hébreux qui pensaient pouvoir rapidement rejeter les juifs à la mer.
Les guerres successives n’ont fait qu’infirmer cette assertion. Malheureusement, l’Israël de Ben Gourion, de Golda Meir et de Moshe Dayan a peu à peu laissé la place à un état qui n’a pas hésité à déléguer les massacres de Sabra et Chatila afin d’éviter d’avoir le sang palestinien sur les mains… Reste que la donne a changé. Ceux qui furent les ennemis d’Israël ont peu à peu normalisé leurs relations avec ce dernier alors que l’Iran, seul pays chiite de la région avec l’Irak, faisait du Hamas sa marionnette. Dès lors, la tentation était bien trop grande pour cet ennemi juré de l’Etat Hébreu de placer ce dernier dans une situation ingérable.
Le déclenchement, le 7 octobre 2023, d’une opération terroriste sans précédent était le signal d’une guerre voulue tout autant par l’Iran que par son jouet. Le Hamas est tout autant indifférent au sort des Palestiniens que Benjamin Netanyahu l’est à celui des otages. Mais, cette manœuvre inique a placé Tsahal dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle qu’ont connu les USA au sud Vietnam. Il s’agit là d’un conflit opposant une armée régulière à des terroristes qui, suivant le précepte maoïste bien connu, « se fondent dans le peuple tel un poisson dans l’eau ». En favorisant le Hamas au détriment de l’Autorité Palestinienne, Netanyahu a commis une erreur majeure dont sa nation paie aujourd’hui le prix sanglant.
La question est simple : « Qu’aurait dû faire le gouvernement face à l’ignominie du 7 octobre ? ». S’en prendre sans distinction possible autant au Hamas qu’aux Palestiniens n’a abouti qu’à faire s’évanouir le capital de sympathie dont jouissait l’Etat Hebreu. Pire encore, il n’a fait que susciter dans diverses démocraties une confusion plus que dangereuse entre anti-sionisme et antisémitisme. Cette confusion, aussi injuste que cruelle, a fait ressurgir une hydre que l’on croyait enterrée depuis la Shoah. Dès lors, qu’il habite ou non en Israël, qu’il soutienne ou non la politique du gouvernement de ce pays, chaque Juif est désormais la cible d’une minorité qui a enfin trouvé un moyen d’exprimer sa haine en important un conflit qui n’est pas le sien. D’un autre coté, ne rien faire aurait constitué un blanc-seing inacceptable.
Que l’on me pardonne cet avis purement personnel, mais, extirper les racines d’un mal au mépris d’une population civile n’aura jamais été qu’une lourde erreur. Par contre, s’en prendre aux causes même de ce mal, même au risque d’un conflit, aurait été bien plus efficace. Frapper l’Iran était quelque peu risqué, mais, cette action aurait bénéficié, non seulement du soutien des USA, mais, également, de manière sans doute plus discrète, mais toute aussi révélatrice, de celui des pays voisins de confession sunnite, qui n’auraient pas vu d’un mauvais œil l’affaiblissement de ce très encombrant voisin.
En 2012, déjà, Israël et les USA implantaient un virus dans les centrales iraniennes afin de retarder les recherches de ce dernier dans le domaine atomique. Des frappes ciblées auraient, de plus, eu l’avantage de donner éventuellement le signal d’une révolution à une population qui supporte de moins en moins le joug des Mollahs. Outre l’affaiblissement du Hamas, cette solution n’aurait pas été sans impact sur le Hezbollah faisant ainsi d’une pierre deux coups… Il n’y a pas de bonne solution, il n’y a que de mauvaises guerres, mais, quitte à la faire…