Deux Etats pour un Peuple

La 25e législature de la Knesset s’est ouverte le 15 novembre dernier ; les électeurs ont fait leur choix et le respect de la démocratie oblige à accepter le choix de la majorité du peuple.
Le dernier scrutin a révélé une nouvelle ligne de fracture sociétale, celle qui oppose les partisans d’une démocratie libérale et laïque aux partisans d’un Etat théocratique et autoritaire.
L’effacement des formations de la gauche (Avoda n’a recueilli que 4 sièges et Meretz n’a pas obtenu de mandat) a même rendu caduque l’opposition droite-gauche ; désormais, les fractures se déplacent au sein-même de la droite.
Après novembre 2022, la division des Israéliens entre les partisans et les opposants de Benyamin Netanyahou (pro-Bibi contre anti-Bibi) n’a plus cours ; désormais, c’est la droite extrême qui s’oppose à la droite modérée, la droite religieuse qui défie la droite laïque, la droite fanatique qui menace la droite libérale.
En d’autres termes, la démocratie israélienne est rattrapée par la théocratie, tendance que confirme la physionomie de la 25e Knesset : plus de Juifs religieux et plus de colons, mais moins de femmes et moins d’Arabes.
Une Knesset masculine
29 femmes sur 120 députés : la nouvelle Knesset compte 24% de femmes, soit moins de la moitié de leur part dans la population israélienne.
Quant à la nouvelle coalition de droite, elle a fait élire 9 femmes seulement, contre 30 femmes dans la coalition sortante.
Une Knesset juive
9 Arabes et 1 Druze pour 110 Juifs : la représentation des Arabes tombe à 7,5% de la nouvelle Knesset, contre 12% dans précédente législature et 21% d’Arabes dans la population israélienne.
La division des listes arabes et la faible participation des Arabes aux législatives de novembre ont conduit à la sous-représentation des Arabes israéliens à la Knesset ; sans compter les députés arabes qui ont disparu des listes sionistes.
Une Knesset orthodoxe
18 députés juifs orthodoxes sur 120 députés : la nouvelle Knesset compte 15% de députés ultraorthodoxes, soit davantage que la part des Harédim dans la population du pays (12%).
Si on comptabilise aussi les 14 élus du bloc du Sionisme religieux et les 8 députés religieux d’autres partis, on dénombre 40 députés juifs religieux, soit le tiers de la Knesset.
Une Knesset nationaliste
Le bloc de la droite mené par Benyamin Netanyahou a remporté 64 sièges; si on prend aussi en compte les partis de la droite restés dans l’opposition (Israël Notre Maison de Liberman et le Parti de l’unité nationale de Gantz-Saar), la droite nationaliste totalise un record de 82 mandats soit les deux tiers de la Knesset.
L’effacement des formations de la gauche a renforcé la droitisation de la 25e Knesset ; celle-ci compte 11 députés résidant dans une implantation de Cisjordanie, contre 7 dans la précédente législature.
Une Knesset moins gay
3 députés qui se déclarent homosexuels siègeront dans la nouvelle Knesset ; la tendance est en recul par rapport aux 5 députés homosexuels élus en 2021 et aux 6 élus en 2020. La Knesset actuelle ne comprend pas de femmes lesbiennes ni d’autres membres de la communauté LGTB.
En cette fin de 2022, une moitié des Israéliens se reconnaît dans l’Etat juif et l’autre moitié dans l’Etat démocratique ; deux Etats pour un Peuple.
Si la Knesset n’est plus représentative du Peuple, il faut dissoudre le Peuple…