Départs
C’est sur le fondement de la « la loi norvégienne » qui permet à un ministre de démissionner du parlement pour laisser la place à un colistier de son parti que Yomtov Kalfon était entré à la Knesset. Et c’en démissionnant du gouvernement pour revenir à la Knesset que le ministre Matan Kahana a écarté le jeune député francophone.
En décidant de renvoyer dans ses foyers Yomtov Kalfon, le Premier ministre n’entendait peut-être pas sanctionner un député qui lui avait été fidèle. Des bruits circulaient sur son possible départ de la coalition, mais rien n’était venu les confirmer.
En fait, il s’agissait sans doute d’une mise en garde vis-à-vis d’une autre députée « norvégienne », Shirley Pinto, qui pourrait être tentée de quitter la coalition. Le départ de Yomtov Kalfon est intervenu le même jour que celui de la conseillère diplomatique du Premier ministre Shmirit Meïr. Celle-ci se voyait reprocher par d’autres membres du cabinet du chef du gouvernement et des dirigeants de son parti d’empiéter sur la politique intérieure en tirant vers le centre un Naftali Bennett élu à droite.
Ces départs soulignent la fragilité extrême de la coalition qui n’a plus de majorité et est à la merci de la défection d’un député. Ces changements attestent également du climat de méfiance qui s’est instauré dans les sphères du pouvoir. Et cela n’est pas près de s’arrêter. Le dernier conseil des ministres a été marqué par une altercation entre le Premier ministre et le ministre de la Défense, Benny Gantz, qui reproche au chef du gouvernement ne pas valoriser suffisamment ses membres.
Les dissensions au sein de la coalition n’ont pas seulement un aspect personnel. Dans la période qui vient, elles devraient revêtir un aspect plus idéologique. Avigdor Liberman et Yaïr Lapid ont fait part de leur volonté de modifier la très controversée loi sur l’Etat-nation en lui adjoignant une loi sur le principe d’égalité (entre tous les citoyens).
Ayelet Shaked, la très nationaliste ministre de l’Intérieur, a déjà fait savoir qu’elle y mettrait un veto. Autant de signes qui laissent envisager des difficultés lors des premières discussions sur le budget qui devraient intervenir en juin. A défaut d’autres départs, on pourrait alors voir se dérouler un scénario classique dans les crises gouvernementales : l’immobilisme.