De l’avenue de Moka à la reine de Saba

© Stocklib / savvapanf
© Stocklib / savvapanf

Intellectuels et écrivains d’Orient et d’ailleurs ont l’opportunité de se plonger dans l’histoire nomade et portuaire du nom des rues de Saint-Malo lorsque la cité corsaire accueille chaque année le festival Etonnants Voyageurs. A quelques pas de la gare de la ville, l’avenue de Moka rappelle les grandes heures des échanges avec le Yémen, point de départ de l’odyssée du café exporté vers l’île Bourbon colonie de production de l’Océan indien. Des exploits maritimes qui renouent avec une histoire bien plus profonde avec l’Afrique, en relation avec la reine de Saba et son Jardin des merveilles.

L’exposition universelle de Dubaï a réactualisé la richesse créative et mémorielle de ces échanges à travers le pavillon des Comores ainsi que celui du Yémen récompensé pour son interprétation thématique.

À l’instar de la reine de Saba, le pavillon des Comores proposait de faire un vœu et de jeter symboliquement un anneau dans le cratère enflammé du mont Karthala.

Terres volcaniques et pluviométrie sont des ingrédients essentiels à la culture café-cacao qu’il est possible d’apprécier dans d’autres îles d’Afrique, au contact par exemple de Sao Tomé et Principe surnommée l’île chocolat.

Dans un avenir radieux, les Comores offraient à découvrir des fleurs colorées et des animaux magiques, comme les cœlacanthes, une espèce rare de poisson, fabriqués à partir de plastiques recyclés. Enfin, une expérience sensorielle permettait d’en savoir davantage sur l’Ylang-Ylang, la fleur qui a révolutionné le parfum, ainsi que des épices comme les clous de girofle et la vanille.

La légende fait débuter l’histoire des Comores aux temps des amours du roi Salomon et de la reine de Saba. Les flottes du grand Roi sillonnaient toutes les mers pour y commercer et s’approvisionner, entre autres en matériaux de construction pour le futur temple de Jérusalem.

Dans un mouvement immatériel de partage et de dialogue des civilisations, le pavillon Yémen s’est construit comme une agora de réflexion et de compréhension autour de la notion universelle de Savoir ∞ (le savoir à la puissance de l’infini). Une invitation à interpréter le pouvoir infini du savoir en explorant l’ingéniosité de l’une des civilisations les plus anciennes.

Avec le miraculeux livre d’Al Wisabi, manuscrit yéménite, une Arabie heureuse et authentique entendait s’illustrer où les connaissances anciennes et modernes s’entremêlent pour favoriser les réalisations futures.

Le café : premier or noir du Yémen est inscrit dans un processus d’assimilation avec l’Europe depuis Venise, Vienne, Amsterdam, Londres, Saint-Malo ou encore Marseille. Mais très largement préalablement ouvert à des liens circulaires avec l’Éthiopie et les îles ou cités-Etats prospères du canal du Mozambique grâce aux alliances avec les sultans batailleurs de l’océan indien et le grand commerce swahili.

Une partie de l’identité de l’Afrique et de l’Orient se trouve dans ce mélange coloré. Dans cette interdépendance qui nous invite à être des jardiniers en intelligence humaine.

à propos de l'auteur
Originaire de la cité corsaire de Saint-Malo sur la côte d’Émeraude, Kevin Lognoné est un analyste en capacités partenariales, managériales et d'innovation. Français du sixième département breton (diaspora), il a réalisé plusieurs tours du monde et publie régulièrement des carnets de voyages qui participent au renouvellement du champ des « borders studies ».
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