De La Résurrection, Manasse ben Israël

Le crâne avec les deux fémurs croisés sur la Matzevah est un symbole sépharade de la Résurrection des morts, le 13e principe de la foi de Maïmonide. Cette pierre appartient à la communauté juive de Hambourg. (article L.122-2 du CPI). Crédit photo: Communauté juive de Hambourg, tout ceci grâce au Rabbin Levi Prujanski.
Le crâne avec les deux fémurs croisés sur la Matzevah est un symbole sépharade de la Résurrection des morts, le 13e principe de la foi de Maïmonide. Cette pierre appartient à la communauté juive de Hambourg. (article L.122-2 du CPI). Crédit photo: Communauté juive de Hambourg, tout ceci grâce au Rabbin Levi Prujanski.

On y trouve en libre accès la traduction en espagnol actuel et en anglais sur Sefaria.org

Introduction du traducteur

La mort sera engouffrée pour toujours | בלע המות לנצח
(Isaïe 25:8)

La définition moderne de la mort utilisée par les médecins lorsqu’ils déclarent le décès d’une personne est une convention très utile pour les registres officiels et les compagnies d’assurance, mais sa considération pragmatique a pour effet de détourner l’attention de ce qui fait une véritable définition.

La mort comme description instrumentale utilise une figure de métalepse parce qu’elle n’utilise pas ses mots pour se définir, mais emprunte plutôt des figures inertes ou mécaniques à la physique et une rhétorique impersonnelle déguisée en objectif pour sa définition générale. Selon le dictionnaire, la mort est la cessation irréversible de toutes les fonctions biologiques qui soutiennent un organisme vivant. Nous pouvons déduire les contradictions et les erreurs suivantes si nous utilisons un peu de rhétorique à l’ancienne [1] :

1. La « mort » est définie comme la négation du faire, ou la négation de toute action transitive ou intransitive, être mort, c’est ne pas faire, ou la même chose que « n’être rien », car le non-faire dénote un non-être. Comme un non-être n’a pas de position, rien de positif ne peut être affirmé d’un non-être car il doit y avoir une identification entre le sujet et le prédicat intransitif, pour que le sujet exerce une influence positive (positionnelle) sur lui-même.[2]
La mort, de non-existence ou de non-être, ne peut influencer positivement quelque chose qui existe et qui est réel.[3]

2. « est » accorde une existence pseudo-phénoménologique à la mort. Le verbe doit indiquer une position intransitive pour qu’il dénote un état positif de l’être. En revanche, le non-être n’a ni entité ni position. La mort est donc une fausse entité et n’est pas réelle quant à l’être. Sa définition est déjà une erreur catégorique.

3. « la cessation » est simplement l’inactivité temporaire de l’agent.[4] Seulement si quelque chose est privé d’action, il serait pour ainsi dire mort, et il ne serait pas plus, cependant, si un être est temporairement privé d’action, ou si son potentiel était entravé par quelque circonstance, il ne serait pas mort.

4. « irréversible » est le déni de la causalité de l’être qui est considéré comme nécessaire (ou constant) et éternel. Cet argument est basé sur l’axiome classique, « quelque chose ne peut pas être fait de rien » ; cependant, cela n’exclut pas le fait que si un être a déjà été, il ne puisse être à nouveau ni redevenir.[5] Donc, l’irréversibilité de l’être ne peut être déterminée. C’est le principe logique de la résurrection que nous verrons dans ce livre de Manasse ben Israël.

5. « de tous » généralisation réductrice qui ne parvient pas à distinguer les phases intermédiaires de l’existence, telles que la possibilité non nulle d’être vivant, les différentes entités et les phénomènes non linéaires

6. Les « fonctions biologiques » ou actions ne sont pas des entités subsistantes, elles ne peuvent non plus soutenir ou fabriquer un nouvel être, ou le défaire.[6]

7. « qui soutiennent un organisme vivant » en accord avec ce qui précède c’est une autre métalepse sans logique.[7] A l’inverse, c’est l’organisme vivant qui entretient des fonctions biologiques, dont les effets se produisent selon son essence (âme) et son entité. La structure de la phrase confond la causalité de l’efficient ou de l’agent, du sujet et du prédicat. L’agent, c’est l’organisme vivant, pas ses fonctions, ni la mort, car la mort n’a aucune place dans la subsistance d’un être et aucune causalité d’apparence matérielle ne peut influencer la vie.

Cela ne signifie pas que le phénomène que nous appelons la mort n’existe pas, mais plutôt que sa définition est incorrecte. La mort, logiquement, est une invention avec sa propre définition qui comprend une catégorie et un différentiel. Sa catégorie est pour tout ce qui meurt ou entre en sommeil ; et son différentiel est de l’opposer au vivant. En ce sens, la mort est une figure rhétorique d’antithèse faite de son contraire.[8] Cette façon logique de définir la mort est par les contraires, mais la mort est un contraire de privation. Les contraires de privation sont ceux où la privation ne signifie pas la chose, mais seulement l’absence de son contraire.[9] Celles-ci sont différentes des contraires ou opposés qui peuvent être jointes à un certain degré, comme le froid et la chaleur dans le tiède. Cependant, entre les contraires qui sont privatifs, il ne peut y avoir de relation. Entre la vie et la mort, il n’y a pas deux côtés opposés ou extrêmes mais un seul, qui est la vie.[10] C’est pourquoi vivre est un verbe intransitif, sans transition de la vie à la mort. Mais puisque sa définition n’inclut pas une fin possible (fini-tion), c’est-à-dire la fin de la mort, son invention à une définition impropre. Par conséquent, la mort ne peut être abordée qu’avec une description; à moins qu’il y ait une fin à la mort, c’est-à- dire, la résurrection des morts.

En conclusion, pour que la mort soit correctement définie en termes logiques et rationnels, sa définition doit inclure la résurrection, sinon la mort n’a pas de définition car elle n’est pas définitive; alors elle est généralement une description, et comme telle c’est une métaphore morte.

Notes:

1. Verbi gratia: Ars Rhetorica ; De Inventione, De Partitionibus Oratoria, De Oratore de Cicéron ; Rhetorica ad Herennium; Institutio Oratoria de Quintilien; Traité de Logique et de Rhétorique, Traité de Logique d’Aristote du Rabbin Moisés Rafael d’Aguilar que j’ai transcrit.

2. Isaac Orobio, Cas philosophique de la vérité divine et naturelle, chapitre 4, XIII, 2 (Shehakol, 2020).

3. Idem. Chapitre 3, Réfutation, 68.

4. Ibid. Chapitre 3, Réfutation, 50.

5. Ibid. Chapitre 2, I, 1-2.

6. Idem. Chapitre 4, Proposition 10.

7. Rabbi Moisés Rafael d’Aguilar, Traité de logique et de rhétorique, Livre 4, Chapitre 11.

8. Ibid. Livre 4, chapitre 8.

9. Ibid. Livre 2, chapitre 10.

10. Isaac Orobio, Cas philosophique de la vérité divine et naturelle, chapitre 2, I, 1-3 ; Entre le fini et l’infini il n’y a pas de proportion, Aristote, Physique, Livre VIII, 10, 266a, 24b6.

à propos de l'auteur
Walter Hilliger est un homme de lettres polyglotte, essayiste et traducteur franco-caribéen. Il est traducteur éditeur des écritures manuscrites et fac-similés des auteurs séfarades du Grand Siècle, notamment Isaac Orobio (1617 - 1787), R. David Nieto (1654 - 1728), Menasseh Ben Israël (1604-1657), R. Moïse Raphaël d'Aguilar (1615 - 1679) et autres. Ses millions de mots transcrits, restaurés et numérisés génèrent des milliers de pages traduites en anglais et en espagnol actuel. https://www.exegetes.org/
Comments