De crise en crise

Une crise par semaine ! Investi il y a moins d’un mois, le gouvernement doit affronter plusieurs crises.
La première, la plus grave, résulte de la volonté du gouvernement de faire passer en force une réforme du système judiciaire qui aboutirait à un changement de régime pour faire d’Israël une « démocratie illibérale » comme en Hongrie, en Pologne ou en Turquie.
La seconde est celle provoquée par la Cour suprême qui a décidé qu’Aryeh Deri, condamné pour fraude fiscale, ne pouvait être ministre. Il n’est pas nécessaire d’être juriste pour comprendre la décision de la Cour suprême, et d’après les sondages, 65 % des Israéliens la soutiennent.
À l’heure où ces lignes sont écrites, Aryeh Deri participe à son dernier Conseil des ministres, et à la fin de la réunion, le Premier ministre devrait lui signifier son renvoi.
Quel avenir pour ce fils d’une famille immigrée du Maroc qui n’a pas fait d’études générales, mais s’est révélé un politicien redoutable, roi de la manœuvre parlementaire ?

Une nomination en qualité de Premier ministre suppléant ? Benjamin Netanyahu n’y est pas favorable, car la procédure s’avérerait complexe et cette décision ne serait pas à l’abri d’une nouvelle interdiction.
Président de la Knesset ? Cela obligerait à revoir toute l’organisation de la majorité.
La solution la plus pratique serait de nommer des ministres provisoire, aux postes de l’Intérieur et de la Santé, en attendant une révision de la législation qui permettrait au leader du Shas de siéger à nouveau au gouvernement. Car Benjamin Netanyahu ne peut se passer du soutien de son meilleur allié, qui, avec onze sièges, tient le gouvernement à sa merci.
La troisième crise résulte de la décision du ministre de la Défense, Yoav Gallant (Likud), de faire évacuer un avant-poste illégal établi en pleine nuit en Samarie. Le ministre Bezalel Smotrich, qui au sein de ce ministère devait se voir confier l’administration de la Cisjordanie, y voit une trahison des accords de coalition. Avec les autres ministres de son parti (HaTzionout HaDatit), il a boycotté la réunion du gouvernement du 22 janvier.
Toutes ces crises ne doivent pas surprendre. En cédant beaucoup à ses alliés, Benjamin Netanyahu s’est sans doute assuré de leur soutien lorsqu’il proposera de voter des dispositions lui permettant d’échapper à son procès. Mais en attendant, il subit la pression de partis extrémistes qui entendent voir appliquer leur programme. Il doit aussi affronter le mouvement de protestation populaire qui de Tel-Aviv à Beer Sheva, en passant par Jérusalem et Haïfa, réunit chaque semaine des foules de plus en plus nombreuses.
Contesté à l’extérieur et à l’intérieur de son gouvernement, le Premier ministre, qui avec une majorité confortable de 64 sièges espérait rester en place pendant quatre ans, pourrait achever son mandat bien avant.