Dans ses relations avec les Etats-Unis, Netanyahu sacrifie le court terme à un moyen terme bien aléatoire
L’acharnement de Netanyahu à lutter contre l’adoption au Congrès de l’accord sur le nucléaire iranien est incompréhensible simplement en termes des intérêts d’Israël.
Cette manœuvre n’a que très peu de chance d’aboutir : même si la défection de quelques élus démocrates est à même de faire échouer l’adoption de l’accord en première lecture, il est très peu probable que soient réunies les 13 voix supplémentaires nécessaires pour contourner ensuite au Sénat un véto présidentiel.
Et même à supposer que, par miracle, le véto de la Maison Blanche soit esquivé et l’accord rejeté au Congrès, les coûts se révéleraient pour Israël bien supérieurs à d’éventuels bénéfices :
– un rejet de l’accord avec l’Iran par le Congrès ne remettrait nullement en question sa mise en application par les puissances du P5+1 et ne ferait qu’isoler les Etats-Unis au niveau international.
– une telle éventualité serait ressentie par une majorité de l’opinion publique américaine comme une humiliation à l’égard du président américain et porterait atteinte à l’image d’Israël et à l’avenir de ses relations avec son seul allié et garant de sa sécurité.
– une atteinte bien plus grave encore en résulterait pour le statut de la communauté juive américaine que Netanyahu n’a pas hésité à tenter d’enrôler dans cette campagne au risque de la voir accusée de double allégeance et causant en son sein une désunion profonde.
L’entêtement de Netanyahu à en découdre à tout prix avec Obama, même au détriment de nos intérêts fondamentaux, n’est compréhensible qu’à moyen terme, dans le cadre de la campagne pour les prochaines élections américaines, une campagne dans laquelle son mentor, le multimilliardaire Sheldon Adelson, roi des casinos, s’apprête à investir une partie de son immense fortune pour faire élire un président républicain, quel qu’il soit, dont la politique étrangère sera bienveillante à l’égard des visées de la droite israélienne.
Et là, à la table de roulette d’Adelson, Netanyahu joue la couleur en misant tous ses jetons …