Contre-offensive

Il ne pouvait pas rester inactif. Binyamin Netanyahou, contesté de toutes parts, y compris au sein de sa coalition, et même dans son propre parti (c’est nouveau), semble sorti de la mini-dépression où l’avaient plongé des évènements imprévus après sa victoire électorale du 1er novembre dernier.
Ses alliés se montrent de plus en plus exigeants. Bezalel Smotricht mène à marche forcée l’annexion rampante de la Cisjordanie ; Itamar Ben Gvir réussit à obtenir un accord sur la création d’une « garde nationale » qui lui sera dévouée corps et âme ; les partis ultraorthodoxes veulent voir gravée dans le marbre d’une législation explicite l’exemption du service militaire dont bénéficient les élèves de yechivot (académies talmudiques).
Last but not least, d’autres paramètres qui ne dépendent pas du Premier ministre semblent converger pour lui compliquer la tâche : une puissante opposition dans les médias et dans la rue à ses projets de réforme de la justice ; une économie ne bénéficiant plus de la confiance des investisseurs à l’heure où la high tech, le navire-amiral de l’économie israélienne, connaît une crise inédite ; last but not least, tous les ennemis du pays – l’Iran et la Syrie à l’est, le Hezbollah au nord et le Hamas au sud – coordonnent leurs forces et le disent ouvertement devant les caméras.
Le Premier ministre peut aussi oublier la perspective qu’il avait fait miroiter aux électeurs : une normalisation des relations avec l’Arabie saoudite. Tout au contraire, Ryad se réconcilie avec Téhéran. Binyamin Netanyahou est donc reparti au combat la semaine dernière lors d’un Conseil des ministres tenu exceptionnellement à Sdérot, cette ville proche de Gaza régulièrement bombardée par le Hamas, et dans une interview à la très complaisante chaîne 14 proche du sionisme religieux.
Le choix de ces lieux d’expression ne doit rien au hasard : Binyamin Netanyahou s’adresse au cœur de son électorat, ces Israéliens traditionnels, souvent modestes, pour lesquels il entend bien rester le grand protecteur face au danger iranien, au terrorisme, et à « la gauche » honnie. Eux ne risquent pas, comme les derniers bourgeois du Likoud, de rallier les manifestations de l’opposition, ou de passer au parti de Benny Gantz si l’on en croit les derniers sondages.
Alors que leurs opposants entendent faire une démonstration de force le soir de la fête de l’Indépendance le 25 avril, deux jours plus tard, le Likoud et son chef veulent organiser « la manifestation du million ». Le chiffre est bien entendu déjà surestimé (1 000 à 2 000 autocars de 50 places sont prévus), mais l’essentiel n’est pas là : il s’agit de montrer que « le peuple est avec Bibi ».
Une renaissance de cette droite populaire qui fit les beaux jours de l’insubmersible Premier ministre. Ceci afin de mieux contrer l’opposition. Et, sait-on jamais, cela pourrait toujours servir en cas d’élections.