Contre la création d’un État palestinien et non à un État binational

Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, se tenant aux côtés du ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, au Département d'État, à Washington, le 10 février 2025. (Crédit : Mark Schiefelbein/AP)
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, se tenant aux côtés du ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, au Département d'État, à Washington, le 10 février 2025. (Crédit : Mark Schiefelbein/AP)

Devant l’absence de solution adéquate au conflit palestinien, l’administration Trump poursuit les efforts pour pouvoir apporter à l’État juif une sécurité absolue et aux Palestiniens des solutions pour améliorer leur vie quotidienne.

La visite ces jours-ci du nouveau secrétaire d’État américain, Marco Rubio, est bien significative. Elle démontre une forte détermination à régler l’ensemble des problèmes de la région tout en imposant à toutes les parties des concessions réciproques.

Le conflit avec les Palestiniens demeure épineux et sans solution tant que des problèmes fondamentaux ne seront pas réglés préalablement et principalement :

  • la fin de la belligérance et des attentats terroristes,
  • le cas humanitaire des réfugiés,
  • et le statut des lieux saints musulmans sur le mont du Temple (esplanade des mosquées).

Les Accords d’Abraham ont bouleversé la donne géopolitique, mais tout peut s’écrouler si nous continuons à ignorer le rôle d’influence religieuse et financière de l’Arabie saoudite, et à refuser de trouver une solution pragmatique au problème palestinien. Nous devrions donc apporter des initiatives concrètes et courageuses, tout en sauvegardant des frontières défendables et le non-retour aux lignes d’armistice de 1949.

Nous souhaitons que les Occidentaux, le monde chrétien et les musulmans modérés soient plus compréhensifs et solidaires, car notre combat est identique à celui du monde libre et démocratique.

Dans la lutte acharnée contre le terrorisme, chaque État est en plein droit de se défendre par tous les moyens. Les islamistes à Paris, à Londres, à Bruxelles, à Munich ou à Jérusalem sont inspirés par les mêmes motivations religieuses, par la même idéologie extrémiste et par le culte de la mort.

Cependant, regardons aussi la réalité en face. Plus de 70 % des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sont nés après la guerre de 1967 et n’ont connu que l’administration israélienne.

En réalité, ils préfèrent vivre dans un cadre israélien avec tous les avantages sociaux-économiques, que de souffrir et continuer à se bercer d’illusion sur un futur État palestinien indépendant que leurs leaders promettent en vain depuis plusieurs décennies.

Conscients qu’ils ne peuvent pas vaincre Israël sur le champ de bataille ni sur l’arène diplomatique internationale, ils préfèrent, pour l’heure, vivre dans un État binational. Une situation nouvelle pour plus de 8 millions de Juifs et 6 millions de d’Arabes qui devront coexister ensemble sur un territoire de 28 000 km2, de la mer Méditerranée au fleuve du Jourdain.

La majorité des Israéliens refusent d’admettre une cohabitation forcée. Elle mettrait en péril l’État sioniste et en minorité la population juive, en raison de la démographie galopante des Arabes.

Depuis 1967, tous les gouvernements israéliens ont commis certaines erreurs stratégiques et tactiques. Quant aux intentions réelles des Palestiniens, elles furent déjà mises à l’épreuve avec Arafat lors de la signature des Accords d’Oslo en 1993, durant la Seconde Intifada déclenchée en septembre 2000, puis cinq ans plus tard, lors du retrait unilatéral de toute la bande de Gaza et la prise du pouvoir par les islamistes du Hamas.

À l’époque d’Arafat, les dirigeants pensaient que la page avec les Palestiniens était définitivement tournée et que la région avait enfin changé de visage. Ils se sont profondément trompés. Depuis, nous payons un lourd tribut, ces jours-ci encore, avec la libération de centaines de terroristes sanguinaires en échange de nos otages.

De ce fait, après le massacre du 7 octobre 2023, la création d’un État palestinien indépendant dans les années à venir serait un suicide pour l’État juif.

Toutefois, soyons optimistes et réalistes. Le Moyen-Orient est peuplé de 450 millions de musulmans et de plus de 8 millions de juifs vivant en Israël. 65% de la population arabe a moins de 25 ans.

La majorité des jeunes souhaite s’instruire et rêvent d’un monde nouveau et meilleur. La religion fanatique et le terrorisme aveugle ne les attirent guère. Il est temps que les dirigeants arabes leur offrent de nouvelles opportunités, une chance de s’intégrer dans le monde moderne. Soulignons qu’Israël se classe parmi les dix grandes puissances de la planète…

Hélas, la vision romantique d’un nouveau Proche-Orient idyllique et d’un marché commun riche et fructueux n’est sans doute pas pour demain ; mais elle n’est pas une vision utopique.

Nous devrions donc œuvrer pour la réussite du plan Trump en adoptant, sans encourir un risque sécuritaire, la formule des « frontières ouvertes et du libre-échange » : offrir des emplois, créer des zones industrielles, investir dans les infrastructures en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le but est de fonder avec l’aide de donateurs étrangers deux confédérations économiques : une première avec la Jordanie (Israélo-jordano-palestinienne) et une deuxième avec la bande Gaza, l’Égypte et Israël.

Dans l’attente de jours meilleurs, la réussite de ce noble projet sera bénéfique pour Israël, les Palestiniens et tous les pays de la région.

à propos de l'auteur
Ancien ambassadeur d'Israël. Journaliste-Ecrivain. Fondateur et directeur du CAPE de Jérusalem. Auteur de 25 ouvrages sur le conflit Israelo-arabe et sur la politique française au Moyen-Orient ainsi que des portraits-biographiques de Shimon Pérès, Ariel Sharon et Benjamin Netanyahou.
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