Condamnés à lutter
Sidérée, stupéfaite, abasourdie comme tout le reste de mon pays.
Que s’est il passé ? Que se passe t-il ? Je suis partagée entre la colère et la sideration. Chaque jour chaque heure se révèle plus anxiogène que la précédente.
Le nombre de morts en un temps record le plus élevé de l’histoire d’Israël. Le nombre de soldats mobilisés le plus important de l’histoire d’Israël. Le nombre d’otages arrachés sauvagement et traînés à Gaza le plus élevé. Le nombre d’infiltration de terroristes armés venus tuer. Des fake news pour nous démoraliser et nous faire douter, des piratages de systèmes informatiques de groupes whatsapp ! La barbarie et la cruauté en direct devant nos yeux eberlués. Le Hezbollah, l’autre agent iranien décidant de se joindre au massacre alors que le Liban, le pays qu’ils occupent vit une tragédie humaine. Un gouvernement aux abonnés absents et une armée qui a semblé dépassée dans les premières heures.
Mais ici on est en Israël.
Alors même si la stupeur ne s’est pas estompée et que le peuple a des questions auxquelles il faudra apporter une réponse et que beaucoup devront rendre des comptes, l’heure est à la mobilisation.
Pour récupérer les enfants, les femmes les personnes âgées, les hommes qui ont été pris en otage dans des conditions inhumaines.
Pour soutenir ceux qui sont au front et se battent pour nous.
Pour soutenir les populations traumatisées dans le sud du pays.
Et pour exiger le démantèlement du pouvoir de nuisance de l’organisation qualifiée à juste titre de terroriste, le Hamas.
Et ce peuple est magnifique. Hier encore divisé, aujourd’hui réuni pour préparer des caisses de nourriture, des biens de première nécessité, des équipements pour les soldats. Les étals sont dévalisés dans les supermarchés. Les files aux caisses sont interminables, les caddies de courses sont surchargés. Les colonnes de blindés sont accompagnées par les foules de civils qui les applaudissent et leur donnent (encore) de la nourriture, leur témoignent leur soutien.
Car chacun a au moins une personne dans sa famille qui est mobilisée. Tsahal est l’armée du peuple, ce sont nos enfants, nos filles, nos garçons, nos maris, frères sœurs ou père.
Même si le chemin sera long et ardu. Car le défi ne peut se relever en quelques jours. La tâche est énorme.
Car derrière le Hamas et le Hezbollah se cache le puissant Iran dont la présence est palpable. Le niveau de sophistication et de planification n’est pas du domaine du Hamas.
Les États-Unis nous envoient un important renfort. Nous ne sommes pas seuls, les soutiens se multiplient. Je reçois personnellement des dizaines de messages qui me touchent tellement, des preuves d’humanité qui me rassurent, m’encouragent et allument des étincelles d’espoir.
Alors je me prends à espérer que malgré ce début catastrophique, nous allons retourner la situation et reprendre contrôle de nos vies.
Nos vies qui sont mises en suspens pour l’instant. Pas d’école, pas de commerces hormis ceux de première nécessité, et pour moi, pas de délégations de canadiens venant tenter de comprendre notre réalité. Et puis nous avons été enjoints de nous préparer à tenir plusieurs jours en autarcie. Une vision hautement anxiogène.
Mais ce matin je parlais avec un ami arabe israélien qui me disait aussi son inquiétude et sa colère contre le Hamas qui se prétend le champion de la cause palestinienne mais qui met en danger sa population et tue et enlève indistinctement des musulmans aussi. Et le réseau de solidarité établi en faveur des Bédouins aussi touchés dès le premier jour. Et rêver que nous puissions sortir de cette horreur ensemble car nous partageons le même sort face aux extrémistes génocidaires de tout poil qui se refusent à tolérer toute velléité d’indépendance et d’auto determination de tous ceux qu’ils ne reconnaissent pas.
Ces barbares et tous leurs soutiens comme lors de cette honteuse manifestation à Montréal où des bonbons ont été distribués pour célébrer la tragédie israélienne. Comme à Gaza.
Le chemin est long et nous sommes, une fois encore, condamnés à lutter pour notre survie.
Mais nous ne nous complaisons pas dans ce rôle de victime. Nous sommes aujourd’hui victimes de ces barbares. Mais déjà, nous relevons la tête et nous ne laisserons pas faire.
Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre pour notre liberté d’exister.