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Condamnation sélective!

Par deux fois, des individus sont sortis des rangs de la foule afin d’en retirer les drapeaux israéliens qui s’y trouvaient

L’irruption intempestive d’activistes d’extrême-droite sur la place de la Bourse, à Bruxelles, le dimanche de Pâques, semble avoir choqué les personnes qui rendaient hommage aux victimes des attentats et ému l’opinion belge et internationale. N’ayant jamais eu d’affection particulière pour les crânes rasés se donnant des allures martiales et hurlant des slogans simplistes, je ne peux que partager ce sentiment.

Je m’étonne cependant que les médias aient donné autant d’importance à cet incident particulier, alors qu’ils sont restés silencieux sur d’autres, survenus sur cette même place.

Par deux fois au moins, des individus sont sortis des rangs de la foule recueillie pour aller au milieu des fleurs et des bougies afin d’en retirer les drapeaux israéliens qui s’y trouvaient, au milieu de drapeaux du monde entier, déposés par des gens de toutes nationalités venus exprimer leur compassion. Ces incidents ont été filmés.

Sur l’un de ces films, on voit une femme couverte d’un foulard s’avancer, enlever le drapeau de l’État hébreu et le dissimuler sous un autre drapeau – sarde, celui-là – qui se trouvait à côté, avant de déplier et de déposer un drapeau palestinien.

Dans un autre de ces films, c’est un homme jeune qui est à l’œuvre. Lui aussi s’avance au milieu des bougies et des fleurs, il enlève un drapeau israélien, et le remplace par un drapeau palestinien.

Ces deux incidents sont certes inadmissibles, mais le plus choquant est que personne, parmi les centaines d’hommes et de femmes rassemblés autour de l’espace couvert de fleurs et de bougies, ne soit intervenu.

Personne n’a interpellé cette femme et cet homme, personne ne s’est opposé à leur action, alors qu’ils ont agi au vu et au su de tous et de toutes ! Les Palestiniens, comme tous les autres peuples de la terre, ont le droit d’être touchés par les attentats islamistes de Bruxelles, de les réprouver et d’exprimer leur compassion. Leur condamnation publique du terrorisme islamique serait même la bienvenue, en de telles circonstances ! Encore que dans ce cas précis, je doute fort que les deux individus vus sur ces films soient réellement des Palestiniens ! Il devait plutôt s’agir d’activistes pro-palestiniens.

Si les Palestiniens ont tout à fait le droit d’exprimer leur compassion, nul ne peut enlever ce même droit aux Israéliens qui savent ce qu’est le terrorisme, pour avoir à y faire face tous les jours et toutes les nuits depuis des décennies. Le drapeau israélien avait donc toute sa place à cet endroit, aux côtés de ceux des autres nations.

Les actions de cette femme et de cet homme étaient violentes et agressives et elles ont été accomplies  publiquement. Ces gestes étaient en totale contradiction avec l’esprit d’unité et de fraternité de ce rassemblement, comme l’était l’incursion inopportune des crânes rasés le jour de Pâques. Alors, pourquoi s’émouvoir de l’action de ces derniers tout en restant muet en ce qui concerne la profanation publique du drapeau d’un État démocratique ami de la Belgique et de l’Europe ?

Hervé Cheuzeville, 28 mars 2016

à propos de l'auteur
Hervé Cheuzeville est diplômé de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris. Il est basé à Bastia, en Corse et a vécu et travaillé en Afrique de 1989 à 2013, toujours dans l'humanitaire, après avoir œuvré en Asie du Sud-Est. Il est l’auteur de "Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique Centrale" (Ed. l’Harmattan, 2003), de "Chroniques Africaines de guerres et d’espérance" (Ed. Persée, 2006), de "Chroniques d’un ailleurs pas si lointain – Réflexions d’un humanitaire engagé" (Ed. Persée, 2010) et de "Au fil des chemins - Afrique, Asie, Méditerranée"(Edilivre, 2013). Les deux tomes de son ouvrage suivant, "Des royaumes méconnus", sont parus chez Edilivre: le premier est consacré à 6 royaumes d'Asie, le second à 12 royaumes africains. En mars 2017, les Editions Riqueti ont publié son dernier ouvrage, "Prêches dans le désert", qui constitue un véritable réquisitoire contre l'islamisme politique, le terrorisme islamiste et le parti pris propalestinien des grands médias. Ce livre a été suivi par "Nouveaux Prêches dans le désert" publié en 2020 aux Edizione Vincentello d'Istria. Entre temps, il avait publié, chez ce même éditeur "Rwanda, vingt-cinq années de mensonges". Hervé Cheuzeville a en outre contribué à deux ouvrages collectifs: "Corses de la diaspora" en 2018, sous la direction du Professeur Jean-Pierre Castellani (Scudo Editions) et "Chypre, 1974-2024, 50 ans d'occupation turque", sous la direction de l'historien Charalambos Petinos.
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