Clarté
Vous souvenez-vous de nos cours de chimie et de l’expérience du papier de tournesol ? Je n’y comprenais jamais rien, mais je me souviens au moins de cette expérience, qui sait pourquoi. Le papier de tournesol sert à déterminer si une solution est acide ou basique. Il devient rouge au contact d’un acide et bleu au contact d’une base, laquelle est une substance chimique qui, à l’inverse d’un acide, est capable de capturer un ou plusieurs protons ou, réciproquement, de fournir une paire d’électrons. Ne m’en demandez pas plus, déjà j’ai repris ceci de Wikipédia sans évidemment pouvoir expliquer de quoi il s’agit. Mais par contre, le principe est clair; grâce à ce fameux papier de tournesol, on peut définir la nature de toute solution chimique: elle est soit un acide, soit une base.
La tragédie du 7 octobre sera désormais pour moi mon papier de tournesol à usage universel : en examinant comment tel ou tel parti, média, syndicat ou groupe politique ou religieux a réagi au « 7 Octobre » (avec majuscule comme il sied à tout événement qui changé l’Histoire), je pourrai déterminer ma position à son égard, mettre en garde ceux qui auront la mémoire trop courte, ou au contraire le recommander à ceux qui, pour quelque raison, me demanderont éventuellement un avis.
Car le pogrome du Hamas a permis de faire le tri, un tri sans retour, définitif.
Aucun respect, aucune considération, aucun vote non plus, donc, quel que soit leur adversaire politique, pour ce « Nouveau Front populaire » (insupportable profanation du souvenir de cette formation de la vraie gauche humaniste que guida Léon Blum !), qui accepte d’intégrer le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et investit son leader Philippe Poutou dans la circonscription de cette magnifique ville de Caracassonne (Aude), qui n’avait pas besoin de ce déshonnneur, et ceci alors que ce parti a déclaré le 7 octobre 2023 à propos des Palestiniens du Hamas soutenir les « moyens de lutte qu’ils et elles ont choisis pour résister », invitant la gauche à « se rappeler la nécessaire solidarité avec les luttes de résistance contre l’oppression et l’occupation »[1].
https://twitter.com/NPA_officiel/status/1710719826539250144/photo/1
Même position face à tous ceux et celles qui, comme LFI dans sa grande majorité, n’ont pas été capables de qualifier ce mouvement de matrice nazie qu’est le Hamas de « terroriste » et qui, comme ce parti pyromane, ont délibérément importé en Europe, et spectaculairement en France, le conflit du Moyen-Orient, mettant en danger physique immédiat les Juifs de tout le continent, et en particulier dans l’Hexagone, au Royaume-Uni et en Belgique.
Je vais cependant mettre un bémol à cette considération, une nuance qui va probablement vous surprendre. J’ai appris à préférer cette haine ardente et claire des Mélenchon, Poutou, Guiraud, Obono et consorts, du PS et du PTB belges, des manifestants de Sciences-Po, des universités américaines, des campus belges, des fanatiques de Malmö, à celle, froide et (mal) cachée, mais pas moins déterminée, qui suinte des colonnes du « Monde », du « Soir » de Bruxelles ou du « Guardian » de Londres, des studios de France 2, de la BBC et de la RTBF (Radio-télévision belge de la Communauté française) et de tant d’autres, ou à celle qui tombe goutte après goutte des lèvres des Guterres, de Villepin, Sanchez en Espagne, ou des nouveaux Quisling de Norvège qui mènent aujourd’hui, avec la malheureuse Belgique et avec les dignes successeurs des mouvements pro-nazis d’Irlande pendant la seconde guerre mondiale, la croisade anti-israélienne en Europe.
Oui, je me sens mieux face à ceux qui jouent cartes sur table qu’avec les plus malins, ceux qui prennent soin d’expédier en deux phrases le 7 octobre et les otages aux mains du Hamas, pour mieux s’adonner ensuite à leur monomanie anti-israélienne.
Face à eux, quand tout est si clair, le choix est facile. Il se complique, je le répète, quand l’adversaire est plus retors, qu’il prend la précaution de cacher quelque peu son jeu, qu’il se fend de quelques paroles de circonstance pour se créer l’alibi nécessaire au bon fonctionnement et à la bonne diffusion de sa fixation antisioniste, anti-israélienne et donc fatalement souvent, pas toujours mais si souvent, antijuive (« Mais j’ai parlé aussi des otages israéliens, j’ai appelé à leur libération », merci mon bon monsieur).
Rappelez-vous Dominique de Villepin : sur TF1, le 23 novembre dernier, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, ce super-bourgeois friqué, que la gauche caviar rongée par un anti-américanisme et un anti-occidentalisme forcenés apprécie tant, expédie rapidement un bref constat qu’ « Israël a droit à sa légitime défense», et une mention de « l’horreur du 7 octobre », puis enchaîne rapidement pour dénoncer, à propos d’acteurs américains censurés à son avis sur la guerre de Gaza, « la domination financière sur les médias et le monde de l’art, de la musique, qui pèse lourd, parce qu’ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent, tout simplement parce que sinon les contrats s’arrêtent immédiatement. On voit bien que la règle financière qui est imposée aujourd’hui aux États-Unis, dans la vie culturelle, pèse lourd. Malheureusement, on le voit aussi en France »[2].
Puisqu’on vous dit que les Juifs contrôlent Hollywood en particulier et la Maison-Blanche en général… Et de jouer ensuite les victimes scandalisées quand on lui fait remarquer qu’il y aurait comme un parfum d’antisémitisme dans cette déclaration… Non, décidément, je préfère Mélenchon et sa secte néo-stalinienne, résolument, franchement et totalement au service de l’extrémisme palestinien, ainsi que les opportunistes, les pleutres, les couards et les lâches, de Glucksmann à Hollande (je passe sur des non-entités comme Olivier Faure ou Marine Tondelier), qui les ont rejoints pour créer ce Nouveau Front populaire dans lequel ils n’auront rien à dire, et qui les dévorera crus à partir du 8 juillet.
Je préfère cette franchise, ou celle d’une Emilie Gomis, ex-ambassadrice des Jeux Olympiques de Paris démise en janvier de cette année, affirmant le 13 juin dernier que « la dignité avec laquelle les otages ont été traités par le Hamas montre que l’humanité peut subsister même dans les moments les plus sombres, reflétant ainsi les valeurs de l’Islam. Une réalité que personne ne peut nier »[3], aux discours faussement « équilibrés » qui cachent (mal) l’obsession antisioniste et anti-israélienne de tant de commentateurs, de journalistes, d’ « experts » en tout genre, d’un Jean-Pierre Filiu dans « Le Monde » aux faux-culs professionnels du « Nouvel Observateur », en passant par le fiel à jet continu d’un Baudouin Loos dans « Le Soir » de Bruxelles[4], et par toute une brochette d’autres, qui ne trompent finalement que ceux qui veulent bien l’être.
J’ai appelé cet article « Clarté », bien conscient que c’est un titre qui va paraître bizarre dans une époque où tout semble noir, bouché, sans horizon, ou plutôt si, avec un horizon lourd de gros nuages, porteurs de nouvelles catastrophes. Et pourtant, oui, pour moi en tous cas, la tragédie du 7 octobre et la guerre de Gaza qui s’en est suivie, et est toujours en cours, ont au moins ce mérite-là : avoir rendu énormément de choses plus claires, avoir liquidé nombre de doutes et démasqué de nombreux pousse-au-crime, hypocrites, manipulateurs et cyniques de tout poil. Tout cela nous aidera à l’avenir à bien voir qui sont nos vrais amis, critiques quand il le faut, certes (et il le faut souvent, avec le gang actuellement au pouvoir ici), mais mûs par un souci sincère de notre cause, à distinguer de qui nous devons nous méfier, car leurs conseils faussement « amicaux » risquent de nous mettre en réel danger ; et à identifier clairement nos ennemis politiques et médiatiques – car c’est désormais le mot qu’il faut employer.
Pour terminer, une note de clarté plus personnelle, qui va de soi mais doit être répétée.
Notre avenir en Israël ne dépend heureusement pas des tristes ou écoeurants personnages que j’ai mentionnés plus haut, ni de leurs semblables. Tout ce qui est écrit ci-dessus ne change rien au fait essentiel : chaque jour de pouvoir, ce gouvernement fanatique, messianique et corrompu, au service d’un homme obnubilé par lui-même et de sa clique, est un désastre pour Israël. Cet homme et ses sbires ont tout intérêt à ce que la guerre se prolonge sans fin, et ils font et feront tout pour cela, y compris au prix de la vie de nos otages qui, n’étant pas dans leur grande majorité de leur camp politique ou religieux, ne comptent pas vraiment à leurs yeux. Une fois encore, ce gouvernement fait le jeu du Hamas, le Hamas fait le sien, et les deux peuples, qui ne trouvent pas la force de renverser leurs leaderships à la conduite si destructrice, paient le prix de la folle stratégie qui caractérise leurs dirigeants, sans qu’on voie le moindre signe annonciateur de la fin de cet infernal engrenage.
Et là, pour le coup, on s’enfonce chaque jour un peu plus dans la nuit.
[1] https://www.marianne.net/politique/gauche/front-populaire-le-npa-allie-precieux-ou-encombrant
[2] https://fr.timesofisrael.com/dominique-de-villepin-accuse-de-vehiculer-des-poncifs-antisemites/