Chroniques d’un pays qui se bat
Tenir un journal de bord, une chronique, a été un de mes premiers objectifs en arrivant en Israël, il y a déjà 8 ans (dans quelques jours…).
Écrire pour partager, pour témoigner, démystifier, a été depuis le début, ma motivation et un de mes passe-temps favoris.
Mais depuis près d’un an j’ai l’impression de crier dans une chambre insonorisée. Écrire ne soulage plus ma peine, ma colère et mon incompréhension de ce monde kafkaïen.
Chaque jour apporte son lot de tristesse avec des jeunes tombés au combat.
Et puis il m’est impossible de changer de sujet tant que je sais qu’il reste encore 101 âmes séquestrées dans les donjons dignes de films d’horreur du Hamas et de ses collaborateurs.
Les rapports qui nous parviennent maintenant des conditions de vie et d’exécution des 6 malheureux, Hersh, Carmel, Eden, Almog, Ori et Alexander vont au-delà des pires scénarios que nous avons eu dans nos cauchemars.
Tant que 101 personnes, bébé, enfant, femme, homme, seront enfermés dans l’Enfer sous terre, personne ne pourra respirer complètement ici. Personne ne pourra commencer à (se) reconstruire après le traumatisme national sans que nous n’ayons récupéré ceux à la place desquels chacun d’entre nous aurait pu être. Il s’agit ici de notre raison d’être. Être libre. La raison pour laquelle nous avons en tant que peuple survécu à des millénaires de pogroms, de discrimination et d’exil. La promesse de l’État d’Israël. Que nous soyons enfin libres et souverains sur notre terre ancestrale, celle qui complète notre identité.
Car c’est cette promesse qui a été brisée le 7 octobre, lorsque des barbares assoiffés de sang ont tué, décapité, violé, brûlé des Israéliens de toutes confessions dans leur maison, leur voiture, leur pays.
Je sais et j’entends ce que les hordes de haineux vous disent. Notre présence, notre existence sur cette terre est illégitime. Et comme les pluies torrentielles après l’ouragan, une vague de haine anti-juive a déferlé sur l’Occident.
Mais comme à chaque fois dans notre histoire, nous refusons de disparaître. Nous imposons notre existence, qui semble tant déranger.
Et puis nous luttons pour conserver notre souveraineté car cette fois, si nous perdons, nous disparaissons.
Et cette sensation, que le monde ne semble pas comprendre, est insupportable ; tandis que nous sommes sommés de baisser les armes sans garantie de retrouver nos otages et de permettre aux dizaines de milliers de « déplacés » de retrouver leur foyer, au Nord comme au Sud.
Ou que des pays « alliés » nous menacent d’embargo des armes qui assurent notre sécurité.
J’ai l’impression d’être un disque rayé à me répéter dans mes chroniques.
Pourtant ce qui guette l’Occident n’est pas différent de notre sort. Demandez aux Iraniens ou aux femmes afghanes. Demandez-leur ce qu’il en coûte de baisser les bras face au totalitarisme.
Demandez aux Libanais s’ils avaient envie de cette guerre imposée par le Hezbollah, agent de la République Islamique d’Iran, le régime colonisateur du Moyen-Orient. Les Libanais qui vivent déjà une situation économique désastreuse du fait de la prise d’otage par un groupe terroriste dont ils sont victimes.
Si tous les agents des mollahs à Gaza, au Liban, au Yémen et en Irak déposaient leurs armes, il n’y aurait plus de guerre. Et nous pourrions commencer à construire notre futur en commun.
Mais tant que des idiots inutiles se chargeront de propager leur propagande, ils continueront, galvanisés par ce soutien inespéré.
Alors ne me demandez pas comment je vais.
J’écris comme on jette une bouteille à la mer.
Chronique.