Chronique de Sousse : de bonnes nouvelles

La place Habib Bourguiba à Sousse, Tunisie le 8 avril 2018.© Stocklib / Narda Gongora
La place Habib Bourguiba à Sousse, Tunisie le 8 avril 2018.© Stocklib / Narda Gongora

Sur le front des biens immobiliers en Tunisie nous étions confrontés depuis des années à des difficultés parfois difficilement surmontable.

La plupart des titulaires des titres « bleu » non tunisiens sont décédés depuis des décennies. Leurs enfants sont souvent très âgés ou également décédés. Les héritiers d’aujourd’hui sont donc souvent fort nombreux et disséminés dans des régions où des pays différents. Réunir les actes notariés ou d’état civil prend énormément de temps. Et lorsque lorsque nous y parvenons après de longs mois il nous faut préparer le dossier de demande de mise à jour et le déposer a la conservation foncière.

Jusqu’à présent les conservations régionales traitaient le plus souvent ces demandes. Devant la complexité croissante des dossiers (le temps passe, il y a de plus en plus d’héritiers et donc bien plus de documents à fournir), c’est désormais le plus souvent le service juridique de la conservation foncière à Tunis qui traite ces demandes.

Certes, on perd encore quelques semaines de plus mais les dossiers sont traités avec sérieux et compétence et surtout cela dissuade les trafics et les falsifications en tous genres qui parsèment ce type de dossiers.

C’est donc un progrès indéniable dont il faut se féliciter.

Autre progrès et non des moindres : à condition d’être tenaces nous parvenons désormais à obtenir des accords de transferts de fonds de la banque centrale de Tunisie en sept à huit mois là même où il nous fallait des années il y a peu encore.

Relancer la banque centrale par des mails n’aboutissait que rarement. Désormais on nous répond toujours et in fine nous decrochons l’accord. Quatre dossiers que nous trainions depuis des années se sont achevés par des transferts ces six derniers mois. Et dans le contexte de crise des devises et du tourisme en Tunisie il faut s’en réjouir.

Il ne faut donc pas baisser les bras, et cela est également valable s’agissant de comptes en banque abandonnés ici par des familles qui ont quitté la Tunisie. Nous avons récemment obtenu deux transferts.

Autre motif de satisfaction : les plaintes qu’il nous arrive de déposer (nous comme d’autres) sont souvent reçues et traitées avec rigueur. Les juges dans un contexte économique et politique très difficile pour eux font leur boulot et n’hésitent pas désormais à poursuivre les faussaires et quelquefois les auxiliaires de justice qui leur prêtent main forte.

A ces raisons de se réjouir il faut également malheureusement insister sur une autre problématique : celle de familles qui ne s’entendent guère, qui ont quitté la Tunisie où qui rejettent toute idée de mettre à jour leurs titres de propriété pour ensuite s’ils le souhaitent, les vendre. Beaucoup de familles ici occupent ces biens depuis des decennies et ne demandent pas mieux que de les acquérir. Encore faut-il que des héritiers se manifestent et mettent leur(s) titre(s) à jour.

Crédit : Pierre Aribaud

Des immeubles abandonnés et plus que vétustes défigurent des centres ville, à Tunis par exemple. C’est un déchirement pour les familles qui ont vécu dans ces maisons de voir leurs souvenirs ainsi abîmés et pour ceux qui y vivent désormais.

Bref, on le voit et nous le constatons tous les jours il n’y a pas de fatalité. Il faut se battre certes et à condition d’être tenaces et obstinés des résultats tangibles sont au bout du chemin. La Tunisie évolue dans un contexte qui n’est pas facile. Dans beaucoup de domaines le progrès est là , visible.

Crédit : Pierre Aribaud

Quelqu’un qui a quitté Sousse il y a 15 ans ne reconnaîtra plus sa ville. Des quartiers nouveaux sont sortis de terre, des immeubles flambant neufs ont créé des villes nouvelles, dans Sousse. Les villes proches, M’saken ou Kaala Khbira sont quasiment désormais des quartiers de Sousse. Certes le chômage et souvent le désespoir des jeunes les poussent toujours à vouloir émigrer car tout prend trop de temps.

Rien à voir avec ce qui précéde : le cimetière juif de Sousse est à l’abandon et il nous faut soutenir les efforts de ceux qui s’en préoccupent. Trop de blabla et jamais d’actes ! Il faut cesser de se gargariser avec des mots et mettre la main à la poche.

Crédit : Pierre Aribaud

Et trouver à Sousse ceux qui accepteront de s’en préoccuper autrement qu’en parole. Ils existent. Il faut les soutenir. A côté de ça le cimetière chrétien « les cyprès » est un cimetière jardin parfaitement entretenu car deux ou trois bénévoles et des cotisants s’en préoccupent !

Pour ma part qu’on vienne me solliciter et je ferai pour le cimetière juif ce que je fais depuis des années pour le cimetière chrétien.

A bon entendeur…

à propos de l'auteur
Né en 1963 à Paris il est collaborateur de plusieurs hommes politiques français avant d'intégrer une compagnie d'assurances entre 1984 et 1994 puis dirige un cabinet de courtage en Afrique de 1994 à 2001. A Bordeaux il dirigera les campagnes électorales de plusieurs élus et sera commissaire d'une importante exposition d'art africain en 2000. Depuis 2007 il est le gérant d'Axys biens étrangers en Tunisie chargée de recenser et de mettre à jour les titres immobiliers ayant appartenu aux juifs de Tunisie et de les vendre.
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