C’est au moment le plus propice qu’il faut arrêter une guerre

Israël est en guerre depuis 20 mois contre l’Iran à travers ses proxies (le Hezbollah, le Hamas, les Houthis, des milices syriennes et irakiennes…). Une confrontation directe avec l’Iran semblait jusqu’ici risquée, voire périlleuse pour Israël. Le régime des ayatollahs est au pouvoir en Iran depuis 45 ans. Comme d’autres régimes totalitaires, il exerce sa maîtrise par une répression cruelle de ses opposants et une politique de mensonges : ainsi, l’Iran a su construire l’image d’une puissance militaire redoutable.
Avec le déclenchement de la guerre contre l’Iran, Netanyahu a fini par mettre en œuvre ses menaces répétées depuis plus de quinze ans. Le passage à l’acte est-il réellement l’ultime recours avant que l’Iran n’obtienne la bombe nucléaire ? Le choix du moment est-il également lié à la sauvegarde du gouvernement de Netanyahu ? Rappelons qu’il risquait plus que jamais de tomber sous la pression des partis orthodoxes exigeant la régularisation de la non-mobilisation de leurs jeunes dans l’armée.
Quoi qu’il en soit, la frappe préventive ciblant le programme nucléaire iranien est perçue unanimement par le peuple israélien et ses alliés comme indispensable pour la sécurité de l’État hébreu, ainsi que pour celle du monde sunnite et occidental.
Dès le début des frappes israéliennes, la force militaire du régime iranien s’est révélée être un apparent « tigre en papier ». Des dizaines de ses dirigeants de premier plan ont été éliminés, de nombreux sites nucléaires ont été mis hors service, l’industrie d’armement a été systématiquement détruite, et l’aviation israélienne domine désormais l’espace aérien iranien.
Les groupes proxys de l’Iran sont affaiblis, au point qu’ils ne parviennent plus à remplir leur rôle ni à satisfaire leurs obligations envers le régime des ayatollahs qui les a créés.
Cependant, la destruction définitive du programme nucléaire iranien reste en question. Même si tous les sites sont neutralisés, il leur restera toujours l’uranium déjà enrichi. L’Iran, avec ses capacités avérées en matière de missiles balistiques et hypersoniques, continue à représenter une menace considérable. Avec la quantité d’uranium mise à l’abri, l’Iran reste en mesure de produire une dizaine de bombes nucléaires.
Certes, la frappe des forces américaines sur les sites de Fordo, Natanz et Ispahan a porté un coup de grâce aux sites nucléaires essentiels du régime des ayatollahs, ce qui peut rassurer Israël et éloigner la menace sur son existence.
Cependant, ni Israël, ni les États-Unis, ni toutes les forces occidentales réunies ne peuvent éliminer ce stock d’uranium, en raison des dangers que posent la radioactivité et l’exposition nucléaire, susceptibles de déclencher une guerre mondiale. Cela rappelle la situation de la Corée du Nord où aucune puissance n’ose attaquer son arsenal nucléaire et la considérant désormais comme une puissance nucléaire à part entière.
Israël n’est pas habitué aux guerres prolongées, en particulier celles qui paralysent complètement le quotidien de sa société et de son économie. Certes, depuis le pogrom du 7 octobre 2023, Israël est en guerre, mais celle-ci est limitée à la bande de Gaza et, de temps à autre, à des opérations contre ses ennemis, sans que cela n’entrave excessivement la vie de l’ensemble de ses citoyens.
La poursuite de l’offensive israélienne contre l’Iran pourrait entraîner le pays dans une guerre d’usure que les Iraniens sont en mesure de supporter longtemps. Comme les Houthis l’ont montré, il suffit d’envoyer quelques missiles par jour pour perturber, voire pourrir, la vie des Israéliens. Par conséquent, il est dans l’intérêt d’Israël de déclarer la fin de la guerre pendant qu’elle est encore à son apogée.
La poursuite des frappes israéliennes, causant malheureusement des dommages collatéraux chez des civils, risque d’affaiblir le camp des Iraniens pro-israéliens et de le faire basculer, que ce soit par patriotisme ou par humiliation. Cela entraverait l’espoir de renversement du pouvoir des ayatollahs. Seul le soulèvement du peuple iranien peut porter en lui l’espoir d’un changement véritable.
Quant à Netanyahu, une opportunité de redresser sa situation politique se présente. Il devrait annoncer la fin de la guerre à Gaza et procéder à un retrait de Tsahal sur des points stratégiques le long de sa frontière, en échange de la libération de tous les kidnappés, qu’ils soient morts ou vivants. Le succès qu’Israël obtient en Iran, jusqu’à présent, pourrait lui être particulièrement favorable, et atténuer sa responsabilité concernant le pogrom « Samedi noir » et ses conséquences.