Ces généraux israéliens à la retraite qui mettent en avant leurs 9000 années de service cumulées

Les Commandants pour la Sécurité d’Israël ayant à leur actif plus de 9000 années de service cumulé.

Vous avez certainement entendu parler de ces militaires israéliens à la retraite qui mettent en avant leurs plus de 9000 années cumulées au service de la sécurité de l’État d’Israël et au péril de leur vie pour nous convaincre que ce qu’ils ont à dire est pertinent et qu’il nous faut leur accorder un infaillible crédit dans leur jugement politique (voir l’illustration).

Les Commandants pour la Sécurité d’Israël avec les plus de 9000 années de service actif.

Il s’agit d’une association de généraux et haut-gradés retraités qui ont servi dans les forces de sécurité de l’État, qui à l’armée, qui dans les services secrets, qui dans la police et qui s’est faite connaitre en 2014 sous le nom des Commandants pour la Sécurité d’Israël, en anglais Commanders for Israel’s Security (CIS) et en hébreu מפקדים למען ביטחון ישראל‎.

Leur but avoué est de résoudre le « conflit israélo-palestinien » et pour cela ils veulent faire avancer l’idée de 2 états pour 2 peuples, c’est-à-dire la création d’un état palestinien comme solution du conflit avec les arabes des alentours. Leur but n’est pas philanthropique mais de sauvegarder l’identité juive (sic) et démocratique de l’État d’Israël qui s’obtiendrait exclusivement en prônant une séparation des arabes dits palestiniens et la création d’un l’État de Palestine. Ils sont plus de 300, haut-gradés exclusivement, qui forts de leur longue expérience au service de la défense de l’État c’est-à-dire de nous-mêmes, plus de 9000 années, ont rejoints les rangs de cette association se prétendant non partisane et qui veulent nous convaincre que leur approche est la meilleure pour nous à long terme. Ils sont aux commandes de think-tank prestigieux situés à Tel Aviv, Herzelia ou à l’étranger. Ils reçoivent un appui et un financement de nombreux politiques étrangers et étrangement que de politiciens encartés à la Gauche israélienne.

Alors, faut-il les croire car leur expérience militaire les a-t-elle mis à l’abri de funestes erreurs, car ils sont sensés, mettent de côté leurs opinions politiques et émettent un jugement implacable d’objectivité et de justesse ?

La crédibilité des haut-gradés militaires de Tsahal, une farce tragique et monumentale

Ainsi les généraux seraient exempts d’erreurs et nous devrions leur accorder une confiance aveugle du fait de leur grande expérience militaire. Voyons alors si ces haut-gradés ont été à l’abri des erreurs les plus graves que le pays a connues.

– Que penser de la perspicacité du général Moshé Dayan qui en 1967 donne les clés du mont du Temple au Wakf jordanien. Erreur on ne peut plus funeste car c’est à cause de lui que nous nous trouvons ce jours dans une situation paradoxale de statuquo et qui empêche les Juifs d’accéder au lieu le plus sacré du Judaïsme et qui permet un accès illimité aux musulmans de toute nationalité, une vraie situation de discrimination de type apartheid au détriment des Juifs et au profit exclusif des musulmans.

– Que penser de la perspicacité du général Eli Zehira, chef des services secrets de l’armée (absolument pas arabophone, je vous laisse caractériser l’anomalie cette situation) et de tout l’échelon du renseignement qui n’a vu venir la guerre de Kippour en 1973 sur les fronts simultanés égyptiens et syriens alors que toutes les informations qui étaient entre leurs mains étaient univoques car ils étaient engoncés dans un préjugé stratégique erroné et une mécompréhension de la culture et de la mentalité arabe.

– Que penser de la prophétie dramatique du général Ehud Barak, ancien chef d’état-major en sa position de ministre de la Défense sous l’autorité du premier ministre Netanyahou en mars 2011 qui annonce qu’un véritable tsunami de sanctions allait s’abattre sur Israël dans les 6 mois si des pourparlers de paix n’étaient pas mis en place avec les responsables de l’autorité palestinienne.

– Que penser de l’erreur dramatique d’appréciation des anciens généraux comme l’ancien chef d’état-major Ehud Barak, le militaire le plus décoré de l’État d’Israël et de l’ancien chef d’état-major Bogui Ayalon qui annoncèrent en décembre 2011, dès le début de la guerre civile en Syrie, la destitution inévitable du président alaouite Bachar al-Assad dans les quelques semaines à venir, certainement ni dans quelques de mois ni dans quelques années.

– Que penser des chefs du renseignement militaire qui ont avancé que le vieux président Mubarak allait rétablir le calme en Égypte lors du mouvement de l’Hiver islamiste arabe (que les Occidentaux s’obstinent envers et contre toute évidence à nommer le printemps arabe) de 2011.

– Que penser de ces mêmes haut-gradés retraités des services secrets qui ont claironné à tous ceux qui voulaient l’entendre que les islamistes en Égypte n’allaient pas se présenter aux élections de 2011 et qu’ils ne les gagneraient pas car le « printemps arabe » était un mouvement de fond de libération de la jeunesse arabe. On connait la suite et l’hiver sibérien arabe et islamiste… dans TOUS les pays arabes ayant connu cette ‘révolution’.

– Que penser de la perspicacité du général Ariel Sharon qui a prétendu que le désengagement militaire de Tsahal de la bande de Gaza serait porteur de calme aux populations juives aux alentours et fournirait une légitimité diplomatique impeccable à Israël sur la scène internationale et que si d’aventure un missile était tiré depuis Gaza, la ville serait aussitôt aplatie sous les bombes des escadrilles de l’armée de l’Air et la situation serait réglée en un tour de main. L’actualité est là pour juger du bien-fondé de ces arguments avancés par ces haut-gradés militaires.

A cette occasion, il faut faire connaitre au plus grand nombre l’histoire qui suit, dans le but de déciller à tout jamais les plus naïfs d’entre nous.

Lorsque la décision unilatérale d’Ariel Sharon est annoncée de retirer Tsahal unilatéralement de la bande Gaza, le général de brigade (premier rang inférieur à celui de général) Amir Avivi est l’aide de camp (l’équivalent de chef de cabinet) du chef d’état-major Moshé Bogui Ayalon. Cette nouvelle qu’un désengagement est prévu, il l’apprend tout comme son chef, ainsi que l’ensemble du pays et du monde, à la TV. Seul dans cette décision, Ariel Sharon n’avait pris conseil ni auprès de l’armée ni auprès des services secrets.

Dans un second temps, Sharon convoque simultanément une réunion de cabinet avec le chef de l’état-major Bogui Ayalon et son staff ainsi qu’avec Avi Dichter chef des services secrets de la sécurité intérieure (Chabak). A tour de rôle, il leur demande d’exprimer leur prévision quant aux suites du désengagement. Sans aucune hésitation, le chef d’état-major martèle la chose suivante : au bout d’un an tu auras à Gaza une force qui aura la possibilité de faire entrer en contrebande des armes, de l’argent et de la matière grise militaire iranienne, cela deviendra un Hamastan, un Hezbollahstan. Avi Dichter renchérit et dit qu’il est entièrement d’accord avec Bogui. Sharon ne veut rien entendre de ces conseils. Et attendez la suite…

A Tsahal, le mandat d’un chef d’état-major est de 3 ans et il est de coutume de le rallonger d’une année pour constituer un plein mandat de 4 ans. Cependant comme Bogui Ayalon le chef d’état-major s’oppose au désengagement, Sharon et son ministre de la Défense Shaul Mofaz ne prolongent pas son mandat, ni celui d’Avi Dichter d’ailleurs. Ils nomment à sa place le général de l’armée de l’air Dan H’aloutz à ce poste en sachant qu’il est favorable au désengagement de Gaza ainsi que Yuval Diskin pour remplacer Dichter (on connait la suite de leur engagement politique, à Gauche, comme par hasard).

Et le général de brigade Amir Avivi raconte l’incroyable, et je vous en prie, frottez-vous les yeux avant de lire ce qui va suivre :
Lorsque le chef d’état-major Dan H’aloutz prend ses fonctions, en un tour de main et du jour au lendemain tout l’état-major, ceux qui précédemment s’étaient vigoureusement élevés contre le désengagement de la bande de Gaza commencèrent à chanter les louanges du désengagement en affirmant que Gaza est voué à se transformer en Singapour, à l’unisson de leur chef hiérarchique direct, et cela en faisant fi de leur profonde conviction précédente.

Et l’ancien militaire explique tranquillement cet incroyable et effroyable retournement en disant que tous ces haut-gradés dépendent directement du chef d’état-major et qu’étant donné que c’est lui qui décide de l’avancement de chacun, s’opposer à l’avis du chef signifie s’exposer à de grandes difficultés. Alors il vaut mieux se positionner dans la direction du vent que souffle le commandant, en mettant de côtés ses convictions personnelles.

Je ne sais ce que cette histoire véridique (en anglais, minute 24-27; en hébreu) vous fait, mais à moi elle me fait froid dans le dos, j’en suis encore pétrifié. Dans les plus hautes sphères de l’armée, pas d’avis professionnellement motivé en toute conscience ? Alors quoi, faire confiance au jugement, biaisé, des militaires ? Passez votre chemin et vite !

Les erreurs des militaires israéliens sont pléthores, innombrables. Alors croire ces Commandants pour la Sécurité d’Israël car ils ont été des haut-gradés, quand on sait qu’ils militent pour des plateformes politiques des partis de gauche ou d’extrême gauche ?

Ce n’est que depuis peu, que cet argument de l’expérience militaire de ces TROIS CENT haut-gradés militaires expérimentés et leurs plus de 9000 années de service a été contrebalancé par un autre mouvement qui a été fondé en 2020 par Amir Avivi, cet ancien de l’état-major et qui lui a réuni plus de 2000 haut-gradés militaires et autres dans le mouvement des HaBith’onistim, les Sécuritaires, et qui eux s’opposent vigoureusement à l’idée d’un désengagement de Tsahal de la Judée et de la Samarie et considèrent que la création d’un état palestinien est l’évènement le plus dangereux à la survie de l’État d’Israël, tout à l’opposé des Commandants pour la Sécurité d’Israël.

Alors quand quiconque vous lancera à la figure l’argument de ces militaires à la grande expérience sécuritaire (toujours comme par hasard alignés sur la ligne des partis politiques de Gauche), vous ne vous laisserez pas impressionner par si peu. Vous leur rirez au nez et vous saurez quoi leur répondre, car ils parlent tous en partant de leurs préjugés politiques et non de leur expertise sécuritaire.
Et leurs avis ne sont en rien plus valides que les vôtres.

PS : Pour savoir si un ancien haut-gradé des appareils de sécurité de l’État appartient au groupe des Habith’onistim ou à celui des Commandants pour la Sécurité d’Israël, posez-lui la question suivante :
Que représente pour toi Hébron ?

L’un dira c’est une ville arabe palestinienne, l’autre répondra c’est la ville où sont enterrés les Patriarches.
Je vous laisse deviner qui aura dit quoi… et vous avez plus de 80-90% de chance de tomber juste….

à propos de l'auteur
Shaul, diplômé de Sciences Po, analyse les développements intérieurs et extérieurs en rapport avec Israël. Spécialisé sur la thématique "Israël, Jérusalem, la Judée-Samarie et le Droit international", il anime depuis plusieurs années des conférences et présentations sur ce thème en France ainsi qu'en Israël. Il intervient souvent dans les médias francophones, i24News et Qualita.
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