Ce qui est tu
Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à ce qu’en Israël, on ait compris de manière tellement évidente, les retombées du pogrom du 7 octobre 2023 commis par le Hamas auquel se sont associés des civils gazaouis ? Comment en est-on arrivé à ce que, du fait de cette compréhension, le silence règne sur certains sujets à bien des égards ?
Le silence règne parce que ce qui est su, est tu, soit par pudeur (I), soit parce que l’évidence est telle que le silence l’emporte (II), soit parce que la sidération rend muet (III).
I. Ce qui est tu par pudeur
Nous survivons comme des machines. Nous reprenons petit à petit nos responsabilités, après avoir paré au plus urgent. Mais au fond, ce sont des automatismes qui nous animent. Nous sommes paralysés d’effroi à cause du pogrom commis par le Hamas et par des civils gazaouis, et aussi à cause de ce qui pourrait se reproduire, si nous ne nous renforçons pas assez et/ou si nos ennemis n’étaient pas suffisamment affaiblis.
Nous avons du mal à faire la différence entre les rires des petits enfants que nous voyons autour de nous dans un bonheur forcé mais bienvenu, et ceux des vidéos d’autres enfants tout aussi heureux, mais qui sont antérieures au 7 octobre, avant que le Hamas ne réduise ces images et ces enfants à des souvenirs cruels.
Nous survivons mais nous avons du mal à ne pas imaginer des scènes d’horreurs dans nos maisons, nos cours, nos escaliers, nos abris. Nous avons du mal à dire au revoir. Nous avons du mal à embrasser nos enfants qui partent à l’armée, à l’école, au travail.
II. Ce qui est tu parce que c’est évident
Il est évident que le gouvernement actuel tombera, après ou avant une commission d’enquête approfondie, comme peu de démocraties savent les mener. Il est évident que Netanyahu termine sa carrière, mais en attendant, son rôle est de mener cette guerre, dans une union nationale.
Il est évident que les erreurs de l’armée, du gouvernement, des services de renseignement ont été fatales. Elles n’ont pas su faire ce que toute organisation qui veut survivre longtemps doit intégrer : se remettre en question, écouter les voix discordantes, sortir de sa zone de confort.
Il est évident que l’antisémitisme, la haine du Juif, fût le moteur du massacre du 7 octobre 2023. Il n’y avait dans ce massacre, aucune composante politique pour « ramener le problème palestinien au centre des préoccupations » comme on l’entend souvent dire en dehors d’Israël. L’histoire nous montre que tous les tueurs de Juifs ont toujours proclamé leur intention préalablement. Dans un tel contexte, le passage à l’acte n’est qu’une question de temps ou de moyen. Le Hamas et des civils gazaouis qu’il a entrainé, ont commis des atrocités barbares. L’enseignement de la haine du Juif est généralisé dans le monde arabe et musulman. Si « Mein Kampf » est vendu en tête de gondole même en Jordanie (avec qui Israël est en paix), c’est parce que Hitler en fait rêver certains. Si les êtres qui ont tué le 7 octobre 2023 se vantaient d’avoir tué « des Juifs », et non pas des Israéliens, c’est parce qu’à leurs yeux, ils sont bien Juifs avant d’être Israéliens.
Le 7 octobre 2023 au matin, le Hamas appelait tous les Musulmans à s’attaquer à tout Juif ou institution juive dans le monde, pour accompagner leur folie. Ce n’était pas pour favoriser « la solution à deux états ». C’était par pure haine du Juif. Et pourquoi au fait haïssent-ils les Juifs ? On ne sait pas. D’ailleurs, peu importe. De toutes façons, il faut le comprendre, nous devons agir comme si cette haine des Juifs faisait partie de l’ordre du monde, comme une maladie. Et une maladie, on ne s’en lamente pas. On la combat avant de savoir la soigner et avant de trouver le vaccin. A l’heure actuelle, la haine des Juifs dans le monde musulman doit être combattue. Personne n’a encore trouvé de remède et encore moins de vaccin. Mais il sera trouvé un jour…Le Christianisme l’a trouvé, il n’y a pas de raison que l’Islam ne le trouve pas… Tragiquement toutefois, nous devrons sans doute encore attendre plusieurs générations.
III. Ce qui est tu du fait de notre sidération.
Nous sommes sidérés par la quantité de haine dont tous ceux qui ne défendent pas Israël, font preuve. Cette haine des Juifs, qui a mû bien sûr les auteurs du pogrom du 7 octobre, mais aussi ceux qui s’en sont réjouis ouvertement : de Gaza, à Ramallah, en passant par Berlin ou Los Angeles. Cette haine des Juifs qui ravitaille les manifestants dans le monde et les incite à hurler dès le 8 octobre « Israël assassin ! ».
Cette haine des Juifs qui prouve enfin ce que nous suspections mais refusions de croire : si les foules du monde se révoltent lorsque Israël se défend contre ses agresseurs, tuant par-là malheureusement également des civils innocents utilisés comme boucliers humains, mais ces foules du monde qui restent bien au chaud lorsque des centaines de milliers de Musulmans sont tués en Syrie, au Yémen, emprisonnés en Chine, c’est parce que ces foules sont plus animées par leur haine des Juifs que par le souci de défendre des civils.
Si le nouveau slogan des foules manifestantes dans le monde est devenu « du fleuve à la mer, la Palestine sera libre », ce n’est dans aucun autre objectif que de supprimer Israël et de jeter les Juifs dans cette même mer.
Alors, ce qui est tu, et bien sûr ce dont tout le monde est convaincu à présent, c’est que toute négociation de paix, toute « solution à deux états », ne pourra plus être à l’ordre du jour puisque, c’est clair maintenant : si depuis les années 1920 au moins, toutes les solutions et propositions qui ont été proposées aux Arabes ont été refusées, qu’elles soient politiques, diplomatiques, suite à des guerres, ou même unilatérales (comme l’évacuation de Gaza en 2005 qui aurait pu être l’occasion de commencer la construction d’un État palestinien pacifique), si tout cela a échoué, c’est parce la haine des Juifs n’a jamais abandonné la lutte contre Israël.
Et ce qui est tu également, mais reste bien conscient dans toutes les esprits en Israël, c’est que, même si par miracle, on trouvait des partenaires palestiniens dignes de confiance, dénués de cette haine des Juifs atavique, capables de construire une autonomie et soutenus par une majorité de la population palestinienne, les foules du monde elles, musulmanes ou non, n’oublieraient pas ce slogan « du fleuve à la mer ». Et Israël, qui se serait affaibli en ayant concédé une partie de son autonomie en prenant par là des risques existentiels, se trouverait confronté à ces foules du monde, prêtes à en découdre.
Donc non, ce silence n’abrite pas un optimisme. Il est plutôt chargé d’un certain pessimisme réaliste, celui qui privilégie l’action à la parole, le même que celui qui a mené certains Juifs allemands dans les années 1930 à émigrer, alors que les optimistes eux, ceux qui étaient restés en Allemagne « espérant des jours meilleurs », finissaient à Auschwitz.