Ce que disent les sondages
Des sondages publiés chaque vendredi par le quotidien Maariv et à d’autres moments dans différents médias, viennent nous rappeler que la politique n’a pas perdu ses droits en temps de guerre.
Depuis le 7 octobre, la tendance était nette avec le Likoud en perte de vitesse et le Camp de l’État (Ha Mahané ha mamlakhti) en nette progression. Mais depuis quelques semaines, la tendance s’inverse légèrement : le parti de Binyamin Netanyahou retrouverait une vingtaine de sièges tandis que celui de son rival, Benny Gantz, qui caracolait en tête avec une quarantaine de sièges, n’en aurait plus aujourd’hui qu’une trentaine.
A la question de la préférence pour le poste de Premier ministre, l’écart ne serait plus que de 5 points au profit du second alors qu’il était de plus de 10 % avant. Le Premier ministre bénéficie du succès des opérations contre l’Iran et de la défection du Hamas dans les négociations sur la libération des otages qui valide le discours de la droite selon lequel seule l’action de l’armée est de nature à faire pression.
Benny Gantz, lui, pâtit de sa présence au cabinet de guerre que certains de ses soutiens voudraient le voir quitter. Yaïr Lapid, avec une petite quinzaine de sièges, ne profite absolument pas de l’effritement de son rival dans l’opposition ce qui confirme que l’opinion publique penche de plus en plus à droite. Le parti d’Avigdor Liberman, Israël Beitenou (Israël, notre maison), qui tient un discours ultranationaliste, verrait sa représentation parlementaire actuelle (sept sièges) dépasser la dizaine de mandats.
Itamar Ben Gvir fait presque aussi bien, laissant son rival, Bezalel Smotrich, loin derrière, souvent sous le seuil de représentativité (3,25%). En d’autres termes, le ministre de la Sécurité nationale est désormais le chef d’une extrême droite qui séduit de plus en plus d’Israéliens, particulièrement en Cisjordanie, là où le Parti sioniste religieux avait son socle électoral. Les partis ultra-orthodoxes retrouvent leurs scores habituels, tout comme la gauche qui a encore quelques fidèles.
Tout cela signifie que si alternance il y a, elle se fera à droite. Avec un ou des Likoud bis formés par Naftali Bennet, Gideon Sar, et celui qui pourrait prendre la tête du futur grand parti de la droite israélienne : Yossi Cohen. Á eux trois, ils feraient déjà mieux que le parti au pouvoir.
Tout cela ne doit pas étonner. Depuis longtemps, le pays est à droite, et après le 7 octobre, le camp de la paix, déjà exsangue, est à l’agonie. Binyamin Netanyahou effectue peut-être son dernier mandat, mais ce serait quelqu’un issu de la même famille politique qui devrait lui succéder dans un pays où le discours nationaliste et sécuritaire est devenu la lingua franca de la vie publique.