Branle-bât de combats

Du plus fort, la raison n’est pas toujours la meilleure
La tentation est trop forte pour l’instinct chamailleur

D’infatuation de sa puissance l’ours était imbu.

Des ovins de l’est, il n’avait pu maintenir l’obéissance,

Et avait dû abandonner leurs terres pour le cens.

Craignant que le déclin de son domaine agreste ne soit qu’un début.

La brebis ukrainienne autrefois si soumise, voire maniable

S’acoquinait avec les bovins de l’Ouest à même son arrière-cour.

C’en fut trop. Quel effronté parangon pour la basse-cour !

Seul l’ours blanc était maîtrisé, s’avérant à peine fiable.

À la hâte, toute une armada de troïkas sur les routes fut déployée

Afin d’éviter de la neige et de la raspoutitsa l’embourbement

Et ils devinrent la cible sur laquelle la brebis fit mouche aisément ;

Leurs conducteurs stagnaient, car on avait négligé de les ravitailler

Devant cette stratégie défaillante, les bovins de l’Ouest encouragés

considérèrent que la brebis mieux armée pouvait mieux tenir

Ergotant cependant sur le nombre de charrettes à fournir

Voulant s’assurer que le condor américain soit avec eux engagé.

L’ours colérique réalisa qu’il fallait de tactique alterner

Il dépêcha ses coucous, ses roquettes et sa flotte

S’engageant à ébranler et balayer la bergerie en rase-mottes.

Semant la dévastation autour de la brebis décharnée.

Le panda asiate inquiétait au plus haut point le condor

Qui comptait délacer la pression de ses serres en Europe,

Mais retrouvait sa stature de puissant seigneur et sans tropes

En prodiguant engins, chariots et attirails en renfort.

Le panda n’avait d’yeux que l’écureuil formosan.

Il méprisait de l’ursidé la relâche sur la dictature,

mais admirait encore sa redoutable armure

et observait avec attention ses revers boboïsants,

C’est que le panda friand du barda de l’ours

Avait appris à en imiter la confection.

Bientôt, hormis son or noir acheté en spéculation,

Il n’aurait plus besoin de ses ressources

Son appétence dans les eaux du Pacifique du Sud-Ouest

Avait aux faunes riveraines fait serrer les rangs.

Bien qu’elles entretinssent entre elles un passé de différends,

Elles exhibaient maintenant une solidarité manifeste.

Ses ambitions mercantiles fourmillantes étaient contrées

Par des entités endettées et moins sensibles à son laïus

Et du fait que sur les puces le condor avait imposé un blocus.

À l’inconnu, les nations préféraient au Condor rester amarrées.

À court de munitions, l’ours commanda du chat persan

Des essaims de guêpes bruyantes qu’il largua en Ukraine.

Le matou fut heureux de satisfaire ce chant de sirène,

Lui qui semait ravage et carnage au Levant

Il avait maté l’hyène libanais, le léopard yéménite et le faucon syrien

Il  menaçait maintenant les pays du chameau et du dromadaire

De l’inflammation de leur or noir et d’actions d’usure quasi suicidaires

Et se promettait sans vergogne de trucider le cabri israélien.

Au pays du faucon, l’ours laissait le cabri agir contre les minets en postille

Dépêchés par les soudards et les nervis du pays du tchador

Lequel avait en hantise l’influence du pays du condor.

C’est que l’ours ne voulait pas que le cabri si agile à la brebis s’allie.

Prudent, le cabri renforçait ses alliances avec les camélidés.

Le condor, son grand allié, sur lui faisait pression

Pour qu’il sortît de son abstention et changeât de position

Et vienne cavalcader en appui auprès des ovidés.

Chaque jour, les champs de la brebis étaient ravagés.

Tout y passait : prés, taillis, bosquets, fourrés et futaies.

Jusqu’à  son dernier poil de laine, la brebis jurait de résister

Avec ses moutons, ses agnelles et ses agnelets assiégés.

L’ours déversait des cohortes aux menaçants crocs

Convaincu que pour faire une omelette il fallait casser

Non pas des œufs, mais tout un poulailler effacer.

La rage de vaincre le rendait toujours plus accro.

Le fier coq gaulois qui espérait les bovidés armer

Et des buffles et des taureaux aiguiser les cornes

Se désolait de leur admiration sans bornes

Pour le bataclan du condor et de leur option confirmée.

Le reste de la faune fourbissait son armature

S’équipant aussi pour se mettre au diapason

Incrédule devant tant de déprédation et de désolation

Faisant fi du don divin de la raison et de la nature.

Aura-t-on mérité cette céleste bonté

Alors que l’on vit sous la menace du champignon

Capable de souffler de la vie le lumignon

De l’atomiser, de la vaporiser et de l’antidater ?

à propos de l'auteur
Dr. David Bensoussan est professeur d’électronique. Il a été président de la Communauté sépharade unifiée du Québec et a à son actif un long passé d’engagement dans des organisations philanthropiques. Il a été membre de la Table ronde transculturelle sur la sécurité du Canada. Il est l’auteur de volumes littéraires dont un commentaire de la Bible et du livre d’Isaïe, un livre de souvenirs, un roman, des essais historiques et un livre d’art.
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