Bonnes nouvelles pour terminer 5782
Je ne suis pas sans savoir que l’antisémitisme est en croissance partout à travers le monde.
Au Canada, on recense une croissance de 47 pour cent du nombre d’incidents antisémites depuis 2020 selon les données de Statistique Canada.
En fait, la communauté juive canadienne demeure la minorité religieuse la plus ciblée par les crimes haineux rapportés à la police. Les données indiquent que les Juifs ont dix fois plus de chances d’être la cible d’un crime haineux que toute autre minorité religieuse canadienne.
Aux États-Unis, les incidents antisémites ont atteint un sommet historique en 2021, avec 2 717 incidents rapportés selon la Anti-Defamation League (ADL). Au Royaume-Uni, c’est une augmentation de 34 pour cent par rapport à l’année précédente. En France, on parle d’une croissance de 75 pour cent.
Pendant ce temps, l’Iran continue sa marche vers l’arme nucléaire, d’exporter le terrorisme et de menacer Israël.
Mais dans ce scénario assez sombre, il y a tout de même des points positifs.
Groupe de travail (Task Force) pour lutter contre l’antisémitisme en ligne
À Washington les 15 et 16 septembre derniers s’est déroulé le premier Sommet de l’Interparliamentary Task Force to Combat Online Antisemitism, auquel j’ai participé au nom du CIJA (Centre consultatif des relations juives et israéliennes), la principale organisation de défense des droits de la communauté juive canadienne.
Conjointement présidé par le député montréalais Anthony Housefather et la membre du Congrès américain Debbie Wasserman Schultz, avec l’appui de l’ex-députée israélienne d’origine montréalaise Michal Cotler-Wunsh, le Sommet a réuni des parlementaires canadiens, américains, australiens, néo-zélandais, israéliens et européens; aux côtés des envoyés spéciaux pour la lutte contre l’antisémitisme du Canada, des États-Unis, d’Israël et de l’Organisation des États Américains; et de représentants des plateformes de médias sociaux, d’experts juifs et d’activistes.
Le sommet a permis aux participants canadiens de discuter avec leurs collègues d’à travers le monde, dont plusieurs ont agi plus rapidement que le Canada pour freiner la haine en ligne. Ce sommet a également donné au gouvernement canadien l’opportunité de s’inspirer des meilleures pratiques internationales pour sa propre législation à venir.
L’Australie a introduit son Online Safety Bill en 2021, détaillant de nombreuses mesures liées au combat contre la haine en ligne dont une reconnaissance de l’attente de la sécurité en ligne, le retrait d’un certain contenu, et la « réduction du délai accordé aux fournisseurs de service pour répondre à un avis de rétraction de leur commissaire sur la sécurité en ligne. »
Au Royaume-Uni, un projet de loi sur la sécurité en ligne circule à la Chambre des communes, s’inspirant du Livre blanc sur la haine en ligne britannique de 2020, proposant une approche pour répondre à la haine en ligne et tenir les plateformes imputables, tout en gardant l’équilibre entre un internet libre et ouvert, et un internet sécuritaire où les criminels, terroristes et entités étrangères hostiles ne peuvent pas laisser couler leur venin.
Les plateformes internet ont eu de mauvais moments dans leurs interactions avec les membres de la Task Force qui, clairement, sont impatients du manque d’actions véritables des géants du web.
Enfin, le monde entier se rend compte qu’il faut véritablement lutter contre l’antisémitisme en ligne.
Relations grandissantes entre le monde arabe et Israël
Le 20 septembre, le deuxième anniversaire des Accords d’Abraham a été marqué dans l’enceinte même du Parlement canadien, lors d’une réception organisée par CIJA et coparrainée par les Ambassades du Maroc et d’Israël.
Trop peu de Canadiens, y compris de parlementaires canadiens, connaissent ces Accords qui ont complètement changé l’architecture stratégique du Moyen-Orient.
En présence de près de la moitié des membres de la Chambre des communes, de trois des quatre chefs de partis officiellement reconnus (le Premier ministre Trudeau étant retenu à Londres pour les obsèques de la Reine Elizabeth II), de ministres, de diplomates de nombreux pays et de membres de plusieurs communautés faisant partie de la mosaïque canadienne, ces Accords comprenant le Maroc, le Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, le Soudan et Israël ont été expliqués et, surtout, célébrés.
Les relations commerciales, culturelles, sécuritaires et éducatives entre le monde arabe et Israël croissent de façon impressionnante. Sans oublier la mise en commun d’efforts pour contrer les ambitions et l’influence néfaste de l’Iran.
Il est crucial de faire connaître ces changements aux dirigeants et diplomates du monde entier, encore prisonniers du paradigme passé du cul-de-sac permanent. Ce n’est plus vrai; le Moyen-Orient voit la paix se développer. Il est temps pour la communauté internationale d’en prendre acte et de s’ajuster en conséquence.
Ces développements devraient signaler aux Palestiniens qu’une véritable normalisation avec l’État juif est possible, s’ils sont prêts à démontrer de la bonne volonté et un désir de faire les compromis nécessaires pour atteindre la paix. Loin de marginaliser les Palestiniens, ces Accords montrent la voie à suivre, si tant est que le peuple palestinien soit véritablement intéressé à une paix juste et durable.
L’implication des parlementaires canadiens dans la lutte contre l’antisémitisme en ligne, la volonté affichée du gouvernement canadien de lutter contre ce phénomène et la reconnaissance croissante des changements majeurs que représentent les Accords d’Abraham pour le Moyen-Orient sont d’importants développements positifs pour la communauté juive canadienne.
Une bonne façon de terminer une année qui a été difficile pour plusieurs.
Shana Tova.