Bilan des trois « Flottilles pour la Liberté »

Greta Thunberg lors de son interpellation par Israël le 9 juin 2025. (Crédit : ministère des Affaires étrangères israélien)
Greta Thunberg lors de son interpellation par Israël le 9 juin 2025. (Crédit : ministère des Affaires étrangères israélien)

Trois flottilles, deux époques, mais un seul et même objectif, une seule et même obsession : accuser Israël, le diaboliser, et faire croire que le Hamas est un pauvre peuple victime des agissements génocidaires de la « puissance occupante », un simple peuple « assiégé », auquel l’humanité se doit de porter secours.

L’histoire bégaie. On recycle, encore et encore. En 2010 puis en 2011, les bateaux de la « Flottille pour la Liberté » fendaient la Méditerranée au nom d’un humanitarisme de façade. En 2025, c’est le voilier Madleen, de la « Coalition de la Flottille pour la liberté » qui tente la traversée, transportant cette fois une députée franco-palestinienne, Rima Hassan, et une militante écologiste en mal de projecteurs, Greta Thunberg. Quand l’histoire se répète, ce n’est jamais par hasard.

Mai 2010 : la « Flottille Liberté I » 

Objectif : « briser le blocus de Gaza » et apporter de l’aide aux Palestiniens

700 passagers à bord, parmi lesquels certains seraient armés. Ils auraient blessé des soldats. Réaction immédiate des soldats. L’intervention s’est soldée par la mort de 9 militants et de 28 blessés.

L’objectif a été atteint : Israël est largement condamné par la communauté internationale.

Juin 2011 : une répétition de la croisade de 2010

Le dimanche 19 juin, sous un impératif prétendument humanitaire, la « Flottille liberté II » largue les amarres. Une quinzaine de bateaux, avec chacun à son bord quelque 60 participants de 60 nationalités différentes, voguent allègrement vers Gaza.

Objectif : briser le blocus maritime criminel imposé par Israël depuis 2006

Les participants, des membres d’ONG pro-palestiniennes et des militants bardés de caméras, mais « pacifistes » (il va sans dire), réalisent le voyage de leurs rêves. Ils vont présenter leur cause à la communauté internationale, disposée, comme par le passé, à applaudir toute action qui permet de porter des accusations contre l’État juif.

Seulement voilà : ces militants, apparemment animés de sentiments louables, se lancent dans des déclarations enflammées et des appels à briser le « blocus de Gaza ».

J’écrivais alors une chronique, intitulée « On largue les amarres », pour dénoncer la supercherie et relater cette croisade médiatique. Car derrière la façade humanitaire, on devinait aisément une provocation soigneusement scénarisée pour entraîner de nouveau Israël dans une confrontation inévitable et le condamner dans la foulée. D’ailleurs, le prétexte humanitaire ne résista pas à l’évidence lors de l’arrivée à Gaza.

La réalité déçoit profondément les militants : Gaza n’était pas assiégée !

L’aide humanitaire y entrait quotidiennement via Israël. Alors, à leur grand désarroi, face aux supermarchés qui débordaient de marchandises, ni la Croix-Rouge, ni les ONG humanitaires ne pouvaient parler de crise humanitaire.

Mais qu’importe ! L’essentiel est de frapper l’imaginaire collectif en recourant aux slogans habituels :

  • Gaza ? « Une prison à ciel ouvert ».
  • Israël ? « L’oppresseur colonial » qui exerce une « punition collective ».
  • Les militants ? Les « héros du bien »prêts à défier l’armée israélienne.

L’objectif est atteint : la presse suit, l’ONU s’indigne, les condamnations de l’État juif se multiplient. Israël se retrouve, encore une fois, au banc des accusés. Israël, coupable de se défendre ! Et le Hamas, lui, savoure sa victoire. Sans lever le petit doigt, il récolte la sympathie du « monde libre » et l’indignation contre Israël.

Juin 2025 : une nouvelle génération de militants, les mêmes mensonges

Nouvelle flottille, mais avec le même objectif, les mêmes méthodes que les deux flottilles précédentes.

Objectif : briser le « blocus », instauré depuis plus de 2 mois par Israël, pour fournir une aide alimentaire et médicale à un peuple « affamé et victime de génocide »

Quoi de plus noble aux yeux de la communauté internationale que la mission que s’est donnée le « Comité international pour briser le siège de Gaza »?

Pour comprendre ce qui nous apparaît comme une nouvelle provocation, il faut se souvenir. Et confronter les flottilles, celles d’hier et celle d’aujourd’hui, à la lumière de la vérité.

Aujourd’hui, le scénario est recyclé : à la place des ONG turques de 2011, le 1er juin 2025, à bord d’un voilier, le Madleen, ont embarqué une députée franco-palestinienne et une icône de l’écologie occidentale. Toutes deux reprennent, sous un prétexte encore une fois humanitaire, le flambeau de la haine antisioniste. Rima Hassan, l’euro-députée insoumise, interdite d’entrée en Israël pour ses positions pro-Hamas, se drape dans la vertu des « droits humains ». Quant à Greta Thunberg, en quête de visibilité car la cause climatique ne mobilise plus autant qu’avant, elle s’invente une vocation de libératrice du peuple palestinien.

En 2025, comme en 2010 et en 2011, la stratégie des organisateurs reste la même : mettre l’accent sur l’ « atroce souffrance infligée aux Gazaouis » par l’ « oppression qu’exerce sur eux Israël ».

Et l’ONU, bien qu’elle sache ce qui se cache derrière une telle initiative, ne peut évidemment qu’encourager les organisateurs pro-Hamas à aller de l’avant. Plusieurs de ses experts exhortent l’État juif à ne pas entraver l’avancée des militants :

La population de Gaza a le droit de recevoir de l’aide via ses eaux territoriales, même sous occupation, et le navire de la coalition a le droit de circuler librement dans les eaux internationales pour atteindre la population de Gaza.

Vont-ils réussir à convaincre l’État juif de laisser entrer ces militants animés par un élan de générosité pour un peuple affamé ? Rien n’est moins sûr. En revanche, quel que soit le résultat, l’objectif sera atteint : Israël sera largement condamné par la communauté internationale.

Une opération humanitaire ? Nenni, point du tout !

Comme en 2010, comme en 2011, les organisateurs savent très bien que cette flottille n’est pas destinée à soulager la détresse des Gazaouis, mais bien celle de la gauche radicale. Pour guérir, pour survivre, elle a besoin de causes. Or la haine d’Israël présente un double avantage : elle est millénaire et constitue le dernier bastion d’un antisémitisme acceptable. Quoi de mieux que cette flottille pour regarnir ses troupes !

Sa mission n’est pas d’agir, comme veulent nous le faire croire ses « idiots utiles », mais de condamner Israël, autant que faire se peut, afin d’atteindre le but que se sont fixé les organisateurs : faire de l’État juif un État paria aux yeux de la communauté internationale, un État hors-la-loi, avec toutes les conséquences que cela implique (menaces d’invasion, isolement, sanctions économiques et politiques, etc.).

La destination de cette mission n’est pas Gaza, mais bien New York, Bruxelles, Genève. Tous espèrent que le Conseil des Droits de l’Homme, l’Assemblée Générale de l’ONU, les tribunes des ONG, la CPI, la CIJ, ainsi que les pages des grands journaux, entendront leur appel et y répondront.

L’offensive médiatique

La Flottille de la liberté essuie un échec. Tsahal a pris dimanche le contrôle du navire, et va l’escorter vers le port d’Ashdod. De là les militants seront expulsés vers leurs pays respectifs.

Trois flottilles, trois échecs. Évidemment, tous les yeux du monde sont déjà rivés sur les militants et militantes de ce bateau. La communauté internationale s’apitoie déjà sur le sort de ces « nazislamistes » habités par des principes humanistes. Elle voudra, tout comme eux, apporter son soutien au peuple palestinien, victime d’une injustice historique.

Comme en 2010 et en 2011, les grands médias vont faire leurs choux gras de cet évènement. On pourra lire à la une des grands quotidiens les réactions du monde occidental. C’est d’ailleurs déjà le cas, l’offensive politico-médiatique est en marche :

  • le consulat français s’intéresse à ses ressortissants et souhaite « leur rendre visite dès lors qu’ils auront rejoint le port d’Ashdod » pour « s’assurer de leur situation et faciliter leur retour rapide en France » ;
  • Paris exige le retour de ses ressortissants « dans les plus brefs délais » ;
  • la France Insoumise (LFI) dénonce « une violation flagrante du droit international ». Elle veut mener la mission de cette flottille à son terme, autrement dit au but que s’étaient fixé les organisateurs :

Nous appelons les États, l’Union européenne, les Nations unies et l’ensemble de la communauté internationale à : condamner fermement cette arrestation illégale, exiger la libération immédiate et inconditionnelle de l’ensemble des membres de l’équipage, faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles laissent passer sans entrave l’aide humanitaire vers Gaza, conformément au droit international.

Certains groupes, soutenus par la Rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, aussi anti-juive que l’est Rima Hassan, comptent bien lui emboîter le pas. Ils annoncent d’ores et déjà qu’ils ont l’intention de répéter l’expérience :

Nous affirmons que le ciblage des navires tentant de briser le blocus ne nous dissuadera pas.

Israël, encore une fois, fera l’objet de résolutions de la part de l’ONU ; alors, il n’en sera que plus facile pour la France d’obtenir, lors de sa prochaine conférence, l’accord des pays membres de l’ONU, voire celui des États-Unis, pour la proclamation unilatérale d’un État palestinien.

Conclusion

À l’instar des flottilles de 2010 et de 2011, celle de 2025 n’est pas un acte de solidarité envers les Palestiniens, c’est un acte de guerre symbolique contre Israël. Elle visait à délégitimer Israël, à criminaliser son droit à se défendre, à imposer une vision binaire où l’agresseur devient la victime et la victime, le bourreau et, in fine, à faire d’Israël un État paria.

Israël va devoir réagir et se souvenir que, comme le disait Zola :

Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil.

La vérité, rien que la vérité ! Israël doit continuer à dire la vérité, même si elle est inaudible pour ceux qui ont choisi de ne plus écouter.

Et je conclurai sur cette parole de Zola qui est un chant d’espoir :

Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle.

à propos de l'auteur
Dora a été professeur de français pendant 30 ans au Collège français de Montréal. Elle a été chroniqueuse pour Radio-Shalom Montreal, puis pour Europe-Israël.
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