Benny, le ressuscité

Voilà une histoire qui plaira à nos lecteurs chrétiens quelques jours avant leur Pâques qui célèbre la résurrection d’un enfant du pays devenu Messie. Il s’agit d’une autre vedette locale qui prophétise à Jérusalem mais dans un domaine bien différent de celui de Jésus-de-Nazareth.
Depuis quatre ans, Benny Gantz ne s’occupe plus que de politique à la suite d’une première vie professionnelle réussie dans l’armée (il termina chef d’Etat-Major) et d’une seconde ratée dans les affaires (la start-up qu’il présidait a dû mettre la clef sous la porte). Après un début en fanfare, il éprouva les pires difficultés à contrer les attaques de la droite et de son chef, Binyamin Netanyahou, qui réussit en 2020 à l’attirer dans le piège d’une alternance au sommet qui ne s’est jamais produite.
Et pour cause : entre l’animal politique et le néophyte, la suite des évènements était écrite d’avance. Beaucoup, et même certains de ses « amis » comme Yaïr Lapid, ne donnaient alors pas cher de sa peau. Ministre de la Défense et numéro trois des gouvernements Bennett et Lapid, Benny Gantz entama une lente remontée en imposant sa tranquille détermination effaçant une réputation de politicien inexpérimenté et gaffeur.
Convaincu que la sécurité du pays passe par des accords avec ses voisins, y compris les Palestiniens, il engagea le dialogue avec les Egyptiens, les Jordaniens et quelques autres en prenant soin d’en informer les Etats-Unis en temps et en heure.
Il s’offrit même le luxe d’être le seul responsable israélien de haut niveau à rencontrer à plusieurs reprises le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), et même à l’inviter chez lui à Rosh Haayin.
Son parti, le Camp de l’Etat (Ha Mahané ha Mamlakhti), est un fourre-tout ouvert à tous ceux qui n’en peuvent plus d’une gauche en perdition (Michael Biton), d’un centre introuvable (Pnina Tamano-Chata), et d’une droite gangrénée (Gideon Saar).
Peu disert sur ses idées en matière d’économie, d’éducation, de santé… Benny Gantz, désormais âgé de 64 ans, peut à nouveau regarder l’avenir avec confiance du haut de ses 195 centimètres.
Depuis plusieurs semaines, de sondage en sondage, il monte, il monte, il monte, et vient même de dépasser en nombre de sièges son rival en consensus, Yaïr Lapid. Il est même désormais devant son meilleur ennemi, Binyamin Netanyahou, en termes de capacité à exercer la fonction de Premier ministre.
N’en déplaise à ceux qui croient aux miracles, cette résurrection de Benny Gantz ne doit rien au hasard. Il gagne la bataille de l’opinion car, incarnant à la fois la sécurité et la modération, il a tout pour plaire à des Israéliens en proie au doute, à l’inquiétude et à la peur.
En un mot, il rassure.