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Barcelone : Il n’est plus possible de détourner le regard

Après les attentats en Catalogne, Driss dénonce l'intégrisme qui sévit au Maroc, et regrette qu'il soit devenu un “pays arabe comme les autres”

REMISE EN CAUSE – Le mythe du Maroc  » plus beau pays du monde  » et  » terre de tolérance et de modération  » a pris un sérieux coup suite aux attentats de Barcelone.

Cette ineptie est en train de voler en éclats sous nos yeux. Les signaux avant-coureurs n’ont pas manqué mais peu ont eu le courage de tirer la sonnette d’alarme.

Il n’est plus possible de nier l’évidence aujourd’hui car le monde entier nous regarde avec surprise et une pointe de dégoût.

Les monstres qui ont perpétré les massacres en Catalogne nous envoient un message clair : le Maroc n’est plus immunisé contre la bêtise et la méchanceté qui gouvernent les sociétés arabes depuis les années 1990.

Nous aussi, comme l’Algérie et l’Égypte, il y a vingt ans, sommes capables de produire des imbéciles capables de tuer des innocents et de revendiquer un statut de martyre par-dessus le marché.

Le Maroc est devenu un pays arabe comme les autres, c’est-à-dire une usine à ciel ouvert qui produit de l’ignorance et du fanatisme. Nous sommes les représentants d’une civilisation (arabo-berbère) qui ne cesse d’agoniser depuis des siècles.

Ni la modernisation apportée par Lyautey, ni les tentatives de Hassan II de faire du Maroc un pays qui compte, ni les immenses efforts de développement des années 2000 n’ont suffi à guérir nos maux ancestraux.

Nous avons été rattrapés par le cancer qui gangrène le Moyen-Orient et qui se résume au triptyque suivant : corruption, incompétence et fanatisme.

Nous perdons inexorablement notre identité pour nous transformer en une annexe de l’Orient en Afrique du Nord. La douceur de vivre s’efface pour laisser place à l’âpreté de l’existence de l’homme arabe contemporain : nos villes sont chaotiques, notre jeunesse est décimée par le chômage et nous combattons ceux qui parmi nous osent encore produire en les livrant à une bureaucratie stupide et en les obligeant à employer des ressources humaines de faible qualité.

Casablanca, par exemple, est le symbole de ce nouveau Maroc qui nous fait peur à tous: indiscipliné, informel et agressif, une réplique du Caire ou de Bagdad.

Les barbares qui ont frappé l’Espagne ignorent qu’en une seule année, les Espagnols traduisent plus de livres que l’ensemble de ce que les Arabes ont traduit depuis le Xe siècle. Barcelone, à elle seule, est le foyer d’une scène éditoriale qui publie plus d’ouvrages que tout le monde arabe réuni.

Notre civilisation est en état de décomposition avancée. Et les miasmes qui en émanent sont ressentis partout dans le monde et en particulier en Europe : Madrid (Atocha) en 2004, Paris (Bataclan) en 2015, Barcelone (Ramblas) en 2017.

Nous avons fermé les yeux sur tout par paresse et manque de courage. Au nom de l’Islam, des voyous massacrent aux quatre coins de la planète et nous sommes incapables d’interdire le Jihad parce que nous sommes lâches.

Sous l’excuse des inégalités sociales et du racisme, des délinquants d’origine marocaine vendent le Kif en Europe et passent leurs vacances d’été parmi nous comme si de rien n’était; nous ne leur disons rien par hypocrisie, car il est toujours plus facile d’accuser les Européens de xénophobie que de rappeler à l’ordre nos propres concitoyens.

Probablement, notre plus grande défaillance se nomme hypocrisie. Nous voulons ménager la chèvre et le chou : faire plaisir aux Saoudiens et charmer les Occidentaux.

Comment pouvons-nous nous regarder en face dans un miroir alors que nous confions les Lieux Saints à une secte fanatique ? Les wahhabites font offense à tous les préceptes des Droits de l’Homme. Dire que leurs méthodes sont médiévales serait faire offense au Moyen âge.

La seule bonne nouvelle est que nous sommes situés à 14 km de l’Espagne. Jamais aucune frontière n’a été aussi paradoxale. Chez eux, la liberté de conscience est respectée et la femme a ses droits garantis. Chez nous, on en est encore à égorger les moutons dans les baignoires et à se battre pour que les petites filles aillent à l’école.

L’Europe ne peut pas nous laisser sombrer. Elle est obligée de nous aider contre nous-mêmes. Autrement, il n’y aura plus d’Europe car le mode de vie occidental sera tout simplement impossible à pratiquer à Séville ou Marseille si le Maroc part à la dérive.

Si j’étais à la place de Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, je proposerais aux Marocains une union économique qui irait de Barcelone à Lagouira en incluant les Canaries et les présides de Ceuta et Melilla (et le Portugal, si ce pays l’accepte). En effet, les richesses doivent mieux circuler pour que la pression diminue du côté sud de la Méditerranée.

Ensuite, je proposerai un Plan Marshall au gouvernement marocain pour libérer les forces vives qui, au Maroc, sont empêchées de respirer et de s’épanouir.

Il faut aider ces Marocains valables et compétents qui veulent entreprendre, il faut pousser ces étudiants qui souhaitent innover, il faut protéger ces fonctionnaires honnêtes et motivés (il y en a mais ils sont en danger), il faut éradiquer ces mafias qui contaminent la vie de notre chère province rifaine et la condamnent au sous-développement mental et économique.

Basta ya ! No a la mediocridad ! Si a la superación ! Viva Marruecos ! Viva España!

à propos de l'auteur
Driss est un jeune auteur de 37 ans. Il possède une solide formation académique française (EDHEC Lille et Ecole Centrale Paris). Driss est aussi Lauréat du Concours Général d’Arabe. Son parcours initial l’a mené à lancer et diriger plusieurs activités commerciales dans le domaine de la téléphonie cellulaire. C’est au tournant de l’année 2010 qu’il a décidé d’approfondir son intérêt pour les sciences sociales, il a profité de sa présence au Brésil pour suivre les cours de sciences politiques de la prestigieuse Pontifica Universidade Catolica à São Paulo. Tel fut le point de départ d’une aventure intellectuelle au cours de laquelle Driss a produit deux romans en Portugais ainsi qu’un essai en langue française. Son travail sur David Galula a suscité des échos favorables aux Etats-Unis où il a donné lieu à une publication dans une revue spécialisée dans les affaires militaires.
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