Au revoir Washington, Bonjour Moscou !
On dira un jour que le XXIème siècle a vraiment commencé quand la Russie a commencé à dominer le monde occidental. Ou, en tout cas, à occuper dans ce monde une place privilégiée que toute l’idéologie communiste n’avait pas réussi à lui donner dans le passé.
Ce succès, la Russie le doit à l’intelligence politique de ses dirigeants – mais aussi et surtout à la déplorable gestion des affaires internationales d’Obama pendant ses deux mandats. Obama a, en fait, sorti son propre pays de la position dominante qu’il avait depuis près d’un siècle.
Il l’a fait devenir un pays qui n’a plus la main sur les grandes affaires internationales. Bien sûr, les choses ne se voient pas encore clairement. Mais, peut-être, pourrait-on dire que les positions de Trump sont venues directement en réponse à cette chute provoquée par Obama : tant qu’à ne plus être en première ligne, autant se replier sur soi et être une Forteresse Amérique.
L’expansion stratégique de la Russie
De fait, les échecs politiques d’Obama sont connus : Ukraine, Syrie, Chine, Egypte, entre autres. Pour la Syrie, les dégâts ont été immenses. La Russie, grâce à la politique – ou plutôt à la non-politique américaine – s’est installée définitivement sur les bords de la Méditerranée, un rêve qui était poursuivi depuis plusieurs siècles, depuis Pierre le Grand en fait.
C’est fini : le Moyen Orient sera désormais russe – et ce fut le génie de Sharon d’abord, puis de Netanyahu et Liberman de l’avoir compris les premiers en Israël. Du coup, Israël se retrouve à la périphérie de l’orbite russe.
Mais, il n’y a pas que la Syrie. L’Egypte, stupidement boudée par Obama, est tombée sous l’influence russe. La Libye -la partie non désorganisée de la Libye- est désormais dominée par un chef militaire qui a prêté allégeance à la Russie. Même le lointain Maroc a frémi d’aise quand la Russie lui a exprimé son soutien dans l’affaire du Sahara Occidental.
L’expansion cyber-guerrière de la Russie
Il y a aussi la puissance cyberguerrière de la Russie -qu’on a vu à l’oeuvre dans l’élection américaine. Les agences de renseignement américaines, pendant plus d’un an, avaient demandé à Obama d’intervenir ; il ne le fit que 4 jours avant l’élection présidentielle de novembre.
Cette puissance, on peut le craindre, va s’appliquer à d’autres pays. Hacking, fausses nouvelles, dossiers « dévoilés » dans la presse, la Russie peut compter sur la presse occidentale pour jouer les « idiots utiles ». L’objectif est simple : mettre des dirigeants forts -voire extrêmes- à la tête des pays occidentaux pour que le bilatéral remplace le multilatéral : dans le bilatéral, la Russie -et maintenant l’Amérique- sont sûrs de gagner grâce à leur poids, ce qui n’était pas le cas dans les enceintes du multilatéralisme où le nombre, et non la force, compte.
Les conséquences
Maintenant que la Russie peut compter sur l’Amérique comme partenaire, les choses vont s’accélérer. Les rêves hégémoniques de l’Iran -et, d’un autre côté, du Hezbollah- vont être rapidement ramenés à de plus justes dimensions. La dernière chose que veux la Russie, c’est qu’on l’oblige à intervenir pour restaurer le calme dans sa zone d’influence.
Le dossier palestinien, lui, peut quasiment être considéré comme clos. A part le cas de Gaza, qui voudrait d’un autre foyer irrédentiste en Cisjordanie ? On sauvera les apparences, mais les grandes tirades de Kerry appartiennent au passé.
A trop se croire puissante sur le plan international, la direction palestinienne a mis tous ses œufs dans le même panier multilatéral des « bleeding hearts ». Dans le nouveau monde des durs de la real politik, ils sont inexistants et tomberont dans l’orbite soit des Gazéens soit des Jordaniens -qui, eux, font partie de l’ordre établi.
Un dernier mot sur l’Europe. Dirons nous, ici aussi, qu’avec l’alliance Russie-Amérique, le dossier Europe est clos ? L’Angleterre, en tout cas, est partie. La Russie, par ailleurs, ne pardonne pas à Merkel les sanctions votées il y a deux ans. Gageons qu’aux élections de septembre prochain, des « révélations » judicieusement placées dans les journaux la feront tomber avec son parti. Quant à la France, c’est fait : le concurrent sérieux de Marine Le Pen à droite a été abattu, laissant les déçus de gauche qu’une seule possibilité de vote.
Nous passons à un nouvel ordre mondial. Pas sûr que le monde juif de la Diaspora l’ait compris, surtout en Amérique. Pas sûr qu’en Israël -à part le Premier ministre et son ministre de la Défense- quelqu’un ait vraiment pris la mesure du changement. Les cigares reçus par Netanyahu sont quand même autrement plus importants sur la scène mondiale que toute cette géopolitique un peu abstraite….