Attentisme économique
Ce mois d’avril est dominé en Israël par deux facteurs d’instabilité qui entravent le bon déroulement de l’activité économique : la tension sécuritaire et la réforme judiciaire.
L’économie d’Israël aime la certitude et la stabilité ; elle est donc entrée dans une période d’attentisme durant laquelle l’activité tourne au ralenti en attendant des jours meilleurs.
Ramadan, Pâques et Pessah, ont marqué un regain de tensions en Israël ; de quoi alimenter une inquiétude croissante dans le milieu des affaires, commerce, tourisme, bourse, etc.
La pause dans la législation de la réforme judiciaire n’a pas suffi à restaurer la confiance et à relancer l’activité économique ; des attentats meurtriers ainsi que plusieurs dizaines de roquettes tirées vers le territoire israélien depuis la bande de Gaza, le Liban et la Syrie, ont fait remonter la tension au Proche-Orient.
Tension sécuritaire
L’incertitude créée par la situation sécuritaire a eu aussi des retombées économiques. La semaine de Pessah est propice aux activités du tourisme, détente et loisirs ; or la tension a provoqué des annulations dans les hôtels et chambres d’hôtes situés dans les régions concernées, notamment au nord du pays. Divers rassemblements de masse (comme spectacles en plein air) ont été annulés par crainte d’attentats ou tirs de roquettes.
La concomitance des fêtes religieuses et de la tension sécuritaire a provoqué l’interruption de l’entrée des ouvriers palestiniens en Israël ; des secteurs fortement dépendants de cette main d’œuvre (comme construction et nettoyage) ont ralenti leurs activités jusqu’au retour de leurs employés palestiniens.
Le marché monétaire aussi a été impacté par la tension sécuritaire. Le shekel a poursuivi sa baisse face au dollar, à l’euro et au sterling ; à la bourse de Tel Aviv, la morosité continue de tirer le cours des valeurs israéliennes vers le bas.
La dévaluation du shekel continue d’alimenter la hausse des prix. L’inflation devrait rester élevée en 2023 avec rythme annuel de 3,9% selon les dernières prévisions de la Banque d’Israël, soit au-dessus de la fourchette cible de 1-3%.
Réforme judiciaire
Il existe un lien évident entre le processus de démocratisation et la croissance économique d’un pays. En Israël, le projet de réforme judiciaire a causé des dégâts économiques avant même que la réforme ne soit appliquée, sans savoir si elle le sera et quelle ampleur elle prendra.
De nombreux acteurs de l’économie israélienne ont perdu confiance dans le système judiciaire, les institutions politiques, les tribunaux et les droits de propriété. Les investissements ont commencé à se contracter, notamment dans le secteur de la haute technologie qui reste un des moteurs de l’économie israélienne.
Sans compter les agences internationales de crédit qui réagissent ; ce 14 avril, Moody’s a abaissé les perspectives de l’économie israélienne (de positives à stables), ce qui va renforcer l’attentisme des marchés quant à la poursuite de la réforme judiciaire.
À l’arrivée, la croissance du PIB connaîtra un rythme modéré de 3% en 2023, contre 6,4% en 2022. Le chômage relèvera la tête à 4,3% (3,8% de chômage en 2022) alors que le niveau de vie moyen du pays se tassera.
En attendant que la situation politique et sécuritaire se clarifie, le syndrome de l’attentisme gagne les agents économiques ; ménages, entreprises et sociétés financières préfèrent attendre que la situation se stabilise pour reprendre le rythme normal de leurs activités.