Algérie 1830-2023
Les reproches obsessionnels de l’Algérie envers la France pour justifier ses échecs depuis 1962 et la Marche des juifs d’Algérie vers l’Occident
L’Algérie est le seul pays à inclure dans son hymne national (Qassaman) insulte et menace contre un autre pays : La France. « Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare toi !»
L’action de la France en Algérie initialement justifiée en 1830 a permis à l’Algérie de faire des progrès inespérés et surtout de créer la nation algérienne. Celle-ci n’existait pas sous la domination ottomane et la population indigène était alors infime et composée de tribus disparates et multi-ethniques.
La France a commis des erreurs à partir de 1881 à l’égard de la population indigène en très forte progression démographique, avec toutefois beaucoup moins d’immoralité que d’autres puissances coloniales comme la Turquie, la Grande Bretagne ou les Pays-Bas dont le principal but était le pillage économique de leurs colonies.
Le bilan de la France en Algérie doit comprendre les bienfaits comme les erreurs mais ne justifie pas les propos insultants contre la France inclus dans l’hymne national algérien. Cette insulte ne peut qu’encourager le refus d’intégration en France de nombreux musulmans français d’origine algérienne et attise même chez certains d’entre eux la haine de la France.
Un hymne national doit être un appel à l’union d’un peuple et non à la haine d’un autre. L’hymne de la France ne demande pas à l’Algérie de rendre des comptes pour avoir fait régner la terreur sur les côtes françaises et en Méditerranée pendant trois siècles en vivant des profits de la course, des pillages, du rançonnage, des enlèvements et de l’esclavage sous la protection des Turcs à Alger.
La communauté juive d’Algérie ne peut oublier sa libération de la dhimmitude musulmane grâce à la France puis son accession à la « citoyenneté française » en 1870 largement désirée en acceptant la prédominance des lois françaises sur les lois religieuses.
Ainsi la France a permis aux Juifs d’Algérie de continuer leur marche vers l’Occident et ceci est le titre de la thèse de Doctorat d’André Chouraqui, français d’Algérie, israélien devenu maire-adjoint de Jérusalem et décédé en 2007.
L’accession à la citoyenneté française était possible à titre individuel pour tous les indigènes dès 1865, mais le renoncement à la prédominance des lois religieuses aura été un blocage pour la plupart des musulmans. Les Juifs ont préféré une action collective et ont accepté la prédominance des lois françaises. En 1870, le décret Crémieux a harmonisé le statut de citoyens français de tous les juifs vivant sur le sol français (métropole et outre-mer). Ce décret n’aura finalement été qu’une application collective de la loi.
Le régime vieillissant algérien s’accroche à la fois au pouvoir et au passé pour justifier ses échecs en n’offrant aucun avenir prometteur à sa très jeune population dont l’âge médian est 28,9 ans. Ainsi 40 % de la population préfère s’abstenir de voter car aucun espoir de changement ne paraît possible avec les quelques candidats imposés par le régime en place.
Depuis son indépendance la gestion de l’Algérie est chaotique et a engendré une guerre civile de 1991 à 2002 contre les islamistes qui a fait près de 150 000 morts soit la moitié du nombre des victimes de la guerre d’Algérie de 1954 à 1962. La répression du mouvement de protestation « Hirak » contre Bouteflika et le régime dominant a abouti à l’élection du candidat du régime en place (FLN) Abdelmadjid Tebboune avec seulement 20 % des inscrits. L’armée avait fixé la date de l’élection présidentielle et désigné les candidats en 2019.
Récemment l’Algérie a même accentué sa haine envers la France en se rapprochant de la Russie et le président Tebboune a qualifié « Poutine » de grand humaniste malgré ses actions meurtrières en Géorgie, Tchétchénie, Transnistrie, Syrie, et en Ukraine. Les efforts de la France pour se rapprocher de l’Algérie aux dépens de ses relations avec le Maroc sont regrettables et pourtant les démocraties reconnaissent en général la légitimité des demandes territoriales marocaines.
L’opinion sur l’action de la France en Algérie devrait être fondée sur (1) les causes de l’intervention de la France, en Algérie, (2) la répartition effective des terres disponibles, (3) les options offertes aux algériens, (4) les progrès sanitaires et (5) bien sûr aussi les restrictions iniques imposées aux musulmans algériens à partir de 1881.
PERIODE 1830-1881- PROGRES – NATIONALITÉ – CITOYENNETE ET CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
1-Cas particulier de la ville d’Oran : De 1505 à 1790 la ville d’Oran avait été espagnole et ne devint ottomane que de 1790 (en raison d’un séisme qui découragea les espagnols) à 1830 lorsqu’elle devint française. En l’absence des Espagnols, les Turcs avaient préféré établir la capitale de l’Oranie à Tlemcen. Oran fut la ville la plus européenne d’Algérie.
2 – Algérie : L’arrêt des pillages côtiers, des navires, des enlèvements, du rançonnage, de l’esclavage et de la dhimmitude en Algérie
L’Algérie ottomane avait réduit en esclavage des Européens et des Africains et imposé la dhimmitude aux juifs. Selon l’ouvrage de Fathia Loualich, deux millions d’esclaves noirs étaient transportés d’Afrique au Maghreb par siècle.
Mettre un terme à l’arrêt de la course et à la traite des esclaves européens et africains était déjà une mission hautement civilisatrice. De plus, du fait de l’acte de capitulation du Dey d’Alger en 1830 les juifs n’étaient plus inférieurs aux musulmans (dhimmitude).
2 – Nationalité et citoyenneté française :
La loi sur la nationalité puis la citoyenneté française offerte à l’ensemble des indigènes d’Algérie
Napoléon III promulgua le 14 juillet 1865 (5 ans avant le décret Crémieux) un sénatus-consulte selon lequel : « Les indigènes algériens sont des sujets Français », mais régis par les « lois leurs religions ». Cela conféra aux Algériens, musulmans ou juifs, des droits civils (accès aux fonctions administratives et aux grades militaires) et politiques (droit de vote et éligibilité aux élections locales en territoire civil).
Ce sénatus-consulte permettait à titre individuel à tous les indigènes d’Algérie d’acquérir la citoyenneté française sous réserve d’accepter la prédominance des lois françaises sur les lois religieuses, c’est à dire l’abandon de la sharia, des répudiations et de polygamie pour les musulmans.
Les juifs ont fait une demande collective de citoyenneté qui a abouti au décret Crémieux en 1870 ; ils aspiraient profondément à faire partie de la communauté française en faisant passer au second plan la législation rabbinique. De plus, il fallait uniformiser le statut des juifs de citoyens français sur le sol français de métropole et d’outre-mer et cela malgré la judéophobie de certains musulmans et français d’Algérie.
Il faut noter que ce décret a aussi attiré une communauté juive polyglotte (espagnol, français, arabe) « particulièrement dynamique » des Presidios espagnols et du Maroc. La communauté juive a largement participé au développement économique de l’Algérie puis de la France après 1962 et s’est engagé aux côtés de la France dans tous ses combats : guerre du Maroc, et conflits mondiaux.
L’accession à la citoyenneté française des indigènes musulmans était difficile en raison de à leur refus d’abandonner la prédominances des règles de l’islam comme c’est encore le cas en 2023 de la part de nombreux français d’origine algérienne qui font oublier l’intégration exemplaire d’autres citoyens musulmans d’origine algérienne.
Malgré ses prétendues revendications révolutionnaires, le FLN a fait de l’Islam la religion d’Etat de l’Algérie et punit lourdement le prosélytisme. 99% des algériens se revendiquent de l’Islam. « Le prosélytisme entraine une peine de prison de deux à cinq ans et une amende pouvant aller jusqu’à l’équivalent de 70 000 euros (2015) ».
L’État algérien est classé en 2021 par « The Economist intelligence Unit » -comme la 113e dictature la plus autoritaire sur 167 pays analysés.
3 – L’action sociale et civilisatrices des Bureaux arabes militaires jusqu’en 1871
Les Bureaux militaires arabes des français dans lesquels les officiers parlaient et lisaient l’arabe, dirigeaient l’Algérie jusqu’en 1871 et se sont « notamment » occupés de libérer les esclaves ou d’améliorer leur sort lorsqu’ils ne connaissaient plus eux-mêmes la région d’Afrique d’où ils avaient été enlevés ; ces bureaux ont constitué un pont indispensable entre les français et les arabes jusqu’à 1871. Ils étaient chargés d’appliquer « la politique favorable aux indigènes de Napoléon III ». L’action des bureaux arabes est très bien illustrée par le livre du commandant Bissuel sur le Sahara publié en 1891. Le commandant Bissuel du 1er régiment de zouaves était chef de bureau arabe et son livre fait honneur à la littérature et à la poésie touarègues. Le commandant Bissuel parlait l’arabe, le berbère et lisait l’écriture Tifinagh.
4 – Progrès médical et croissance inouïe de la population algérienne de 1830 à 1961
La population musulmane était en 1830 de l’ordre de 2 millions d’habitants répartie sur une surface « hors Sahara » de 381 000 km2 soit une densité de 5 habitants seulement par km2. Vers 1900, la population européenne s’élevait à 553 000 habitants approximativement et la population musulmane à 3 600 000 habitants.
De 1840 à 1901 la population algérienne s’est accrue de 2.3 millions à 3.6 millions soit +56 % et au cours de la même période la population de France métropolitaine est passé de de 33.6 millions à 40.7 millions d’habitants soit +21 %.
Le progrès de la médecine française a probablement permis le fort accroissement de la population algérienne de 1901 à 1961 qui passa de « 3.6 millions à 9.0 millions d’habitants » soit +150 %, alors que la population « métropolitaine » a pratiquement stagné sur la même période en passant de 40.7 millions à 45.9 millions soit+12.8 %.
5 – La distribution des terres ottomanes et la vente de terres par les indigènes aux européens
Il est utile de rappeler les termes du sénatus-consulte du 22 avril 1863 de Napoléon III : « La France reconnaît aux tribus arabes la propriété des territoires dont elles ont la jouissance permanente et traditionnelle… ». Pour garantir ce droit il avait été ordonné de faire un recensement général. Ce recensement n’allant pas assez vite Napoléon III fit une seconde visite en Algérie en 1865 pour l’accélérer et celui-ci fut terminé en 1872. Il n’y a plus eu de distribution gratuite de terres après ce recensement. Les terres distribuées aux européens ont été celles appartenant à l’empire ottoman et non pas celles des tribus indigènes.
Le 5 mai 1865 Napoléon III déclara aux musulmans d’Algérie : « J’ai irrévocablement assuré dans vos mains la propriété des terres que vous occupez… J’ai honoré vos chefs, respecté votre religion, je veux augmenter votre bien-être, vous faire participer de plus en plus à l’administration de votre pays… ».
Toutefois en 1873 une nouvelle loi permit aux européens d’acheter des terres aux indigènes contre l’esprit du Sénatus -consulte qui prévoyait une « incommutabilité » et cela a marqué un net recul de l’activité agricoles indigène.
De 1872 à 1892 les terres cultivées par les indigènes ont baissé de 20 % dans le constantinois, de 30 % dans la l’Algérois et de 40 % en Oranie (c’est-à-dire dans les trois départements administratifs français de l’Algérie). Le recul des terres indigènes fut « approximativement » de 30 % et a entraîné à long terme un mécontentement des musulmans bien que cette baisse de terres cultivées fût l’objet de ventes de gré à gré ».
PERIODE 1881 -1962 – CODE DE L’INDIGENAT – L’IMPOSSIBLE COHABITATION- RACINE DE L’INDEPENDANCE
1- L’inacceptable code de l’indigénat de 1881 a fait des musulmans des sujets inférieurs aux autres et privés de la liberté de se déplacer
La chute du Second empire en 1870 sonna la fin des bureaux militaires arabes saluée par les Européens qui trouvaient les militaires trop favorables aux indigènes. Les musulmans passèrent sous le contrôle des autorités civiles hostiles aux musulmans et qui les cantonnèrent dans le strict statut de l’indigénat.
A partir de 1881, on établit en Algérie le code de l’indigénat pour l’appliquer ensuite aux autres colonies. Jusqu’en 1881, la France avait rempli son rôle civilisateur reconnu par Victor Hugo et Jules Ferry, « mais les choses changèrent à cette date ».
Le code de l’indigénat incluait 27 conditions dont la non application pouvait entrainer des peines de prisons et des amendes convertibles en travaux forcés. Parmi ces conditions on peut noter le retard ou l’omission des déclarations de naissances et de décès, les actes irrespectueux selon l’opinion de l’administrateur colonial ou du juge de paix, le départ d’une commune sans autorisation de voyager, la participation à des réunions religieuses non autorisées, la plainte dite mensongère.
Ce code était inacceptable pour tout individu et établit une sorte de dhimmitude à l’égard des musulmans comme ils l’avaient fait à l’égard des juifs. De plus les musulmans étaient largement sous-représentés dans les institutions locales où les français pourtant très minoritaires exerçaient un pouvoir sans partage.
2 – La sous-représentation des musulmans dans les institutions algériennes au cours de la période française
Les lois de 1898 et 1900 avaient doté l’Algérie d’une personnalité civile, d’un budget spécial et d’une assemblée élue. Cette assemblée, composée de trois collèges (colons, contribuables urbains et indigènes), donnait la prépondérance aux français qui disposaient de 48 sièges contre 21 pour les musulmans (soit 30% seulement pour les musulmans). Un gouverneur général, dépendant du ministère français de l’Intérieur détenait tous les pouvoirs.
Finalement la loi de 1947 sur le statut de l’Algérie maintint le statut de l’Algérie de 1900 et ouvrit la voie à la guerre d’indépendance.
En 1960, la population musulmane avait atteint 9 millions d’habitants alors que celle des Français étaient de l’ordre de 1.2 millions, soit approximativement 12% de la population totale d’Algérie. La croissance démographique des musulmans ne fit que souligner leur insuffisante représentation dans les institutions. Tous ces éléments rendirent l’indépendance l’Algérie incontournable en 1962.
Situation après l’indépendance
De 1962 à 2022 la population d’Algérie est passée de 9 millions à 46 millions d’habitants et « pourrait » atteindre à ce rythme un nombre similaire à celui de toute la population française vieillissante en 2040.
Une démocratisation avait été tentée en 1979 en Algérie qui a mené à l’arrivée en tête des élections (47% des voix) du Front Islamiste du Salut. Ce processus islamiste a été arrêté par l’armée et par le président Bouteflika au cours de ses 4 mandats de 5 ans malgré ses graves problèmes de santé lors de son quatrième mandat. L’idée d’un cinquième mandat de Bouteflika a mené aux manifestations hebdomadaires de protestation « Hirak » qui furent affaiblies par la répression militaire et par l’apparition de la COVID. Finalement Abdelmadjid Tebboune s’est imposé en 2019 avec seulement 20% des inscrits. L’abstention a été de 40% pour protester contre le fait que l’armée ait à la fois fixé la date des élections et n’ait autorisé que des candidats du régime en place.
L’Algérie est en fait passée du statut de colonie ottomane à celui de territoire français puis en 1962 à celui d’Etat indépendant dictatorial parmi les plus durs du monde. Il est à noter que le président algérien Tebboune a signé un accord de partenariat approfondi avec le dictateur Poutine le 15 juin 2023 et lui a dit voir en lui un grand humaniste.
La colonisation française a apporté un certain nombre d’atouts à l’Algérie mais le code de l’indigénat et la sous-représentation flagrante des musulmans dans les institutions françaises d’Algérie amplifiée par une croissance démographique inouïe de la population musulmane ne pouvait mener qu’à la décolonisation comme ce fut le cas de la plupart des colonies dans le monde au cours du XXe siècle. Seul subsiste l’Empire colonial russe aujourd’hui, dont beaucoup d’Oblasts et de Républiques étrangers au monde russe ou désireux de choisir la démocratie, doivent pouvoir accéder là l’indépendance.