À quoi ressemblera l’économie d’Israël en 2024 si la guerre se poursuit ?
La guerre au Sud et au Nord d’Israël continuera de se répercuter sur la situation économique du pays et sur le niveau de vie de ses habitants durant toute l’année en cours.
L’année 2024 s’annonce fragile pour l’économie israélienne : après la chute de l’activité au dernier trimestre 2023, la reprise n’est pas encore au-rendez-vous, au contraire.
Plusieurs indicateurs économiques, publiés la semaine dernière, se sont avérés décevants ; ils confirment que l’économie s’enfonce dans la récession et ne laissent rien entrevoir de bon si la guerre se poursuit tout au long de 2024.
Les prix s’envolent
La première mauvaise nouvelle, c’est que l’inflation redémarre. L’indice des prix à la consommation pour le mois d’avril a fait un bond de 0,8%, ce qui relève le rythme annuel de l’inflation à 2,8%.
Au-delà de la hausse saisonnière de certains prix, l’envolée de plusieurs postes de consommation d’avril est particulièrement inquiétante, comme hôtellerie et loisirs (+10,5%), essence (+2,5%), habillement (2,3%), logement (+0,6%).
En 2024, le risque est de voir l’inflation annuelle atteindre et dépasser le seuil maximal de 3% que s’est fixé la Banque centrale d’Israël ; ce qui ne permettra pas d’abaisser le taux d’intérêt directeur au-dessous des 4,5% actuels.
Concrètement, la poussée des prix et des taux d’intérêt signifie aussi que les Israéliens devront consacrer davantage d’argent à rembourser leurs crédits, les obligeant à se serrer un peu plus la ceinture.
La production recule
Au premier trimestre de 2024, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 14,1% en rythme annuel par rapport au quatrième trimestre de 2023 ; ce chiffre est encourageant mais il ne compense que partiellement les pertes de production de 21,7% observées au dernier trimestre de 2023.
En réalité, les chiffres de croissance du début 2024 sont loin de refléter une reprise complète de l’économie, mais confirment plutôt que la récession s’installe : au premier trimestre 2024, le PIB a baissé de 1,4% par rapport au premier trimestre de 2023.
En prenant compte que la population israélienne continue de progresser, le PIB par habitant a baissé de 3,1% entre le début 2023 et 2024 ; autrement dit, le niveau de production reste inférieur à celui de l’avant-guerre.
Et ce n’est pas tout : si le pays produit moins en 2024 que l’année précédente, il perd aussi des débouchés étrangers. Les exportations de biens et services ne se remettent pas de la crise géopolitique : après avoir chuté de 21,7% au dernier trimestre 2023, elles ont encore baissé de 11,0% au premier trimestre 2024. La hausse attendue des exportations de matériel militaire est loin de compenser la chute des exportations civiles des startups israéliennes.
Bond en arrière
Quant à la consommation des ménages, qui devrait être un des moteurs de la relance économique, elle reste encore décevante : par habitant, la consommation privée a bien augmenté de 24,3% au premier trimestre 2024, mais ce n’est pas suffisant pour compenser la chute de 28,4% observée au quatrième trimestre 2023.
En ce début 2024, le consommateur israélien dépense davantage mais il consomme moins : l’inflation et la cherté des achats à crédit font qu’il achète, sans toujours s’en apercevoir, des quantités plus petites mais à un prix plus élevé, phénomène connu sous le nom de réduflation (ou shrinkflation en anglais).
Si la guerre venait à se poursuivre tout au long de 2024, elle ferait faire un bond en arrière de quelques années à l’économie d’Israël. Et l’Israélien doit se préparer à une baisse de son niveau de vie qui sera rogné par la reprise de l’inflation et la hausse des taxes sur la consommation.