A quand un retour à la vie normale en Israël ?
Après dix semaines de guerre, la vie quotidienne des Israéliens est toujours rythmée par les roquettes tirées depuis la bande de Gaza et le Liban, tout comme par l’angoisse pour la vie des otages retenus par le Hamas.
Le 7 octobre 2023, la vie en Israël a basculé. Désormais, les Israéliens sont pris en tenaille entre les contraintes de la guerre et le souci de reprendre un semblant de vie normale ; un dilemme difficile à trancher, surtout quand la plupart des Israéliens ont un proche, parent ou ami, qui combat au front.
Dans ce contexte difficile, les autorités israéliennes incitent les Israéliens à reprendre leurs habitudes, à s’attabler aux cafés et restaurants, à acheter et consommer ; soutenir les petits et moyens commerces est aussi une forme de résistance à la guerre déclenchée par le Hamas.
Tout au long de ses 75 ans d’existence, Israël a mis en place une « économie de guerre » qui lui permet de lutter contre un ennemi extérieur tout en assurant la protection des civils. Alors que la guerre contre le Hamas se poursuit, le retour à la vie normale en Israël dépend désormais de cinq conditions qui ne sont pas encore réunies.
Sécurité personnelle
Le sentiment de sécurité personnelle est indispensable pour que l’Israélien retrouve son rythme de vie normal ainsi que son niveau de revenu et de consommation antérieur à la guerre.
Retour des déplacés
Dès le début de la guerre, 280 000 citoyens israéliens ont été délogés et déplacés loin du front (Sud comme Nord), vers des régions plus calmes. Le retour dans leurs foyers suppose la reconstruction des dégâts matériels (logements, infrastructures, bâtiments publics), ce qui prendra du temps.
Reprise du travail
Le retour des Israéliens évacués est indispensable pour la reprise des activités économiques dans les zones directement touchées par la guerre, notamment l’agriculture, le tourisme et la construction ; le retour des ouvriers étrangers (palestiniens compris) est aussi une condition de reprise des secteurs très dépendants de la main d’œuvre étrangère (comme le bâtiment et agriculture).
Confiance dans les autorités
La confiance des Israéliens dans la politique économique du gouvernement sera décisive quant à la reprise de leurs activités de production, de consommation et d’investissement. Les décisions du gouvernement sur l’affectation des fonds publics pour financer le coût de la guerre comme sur les priorités budgétaires, auront un impact direct sur le niveau de confiance des Israéliens quant à la capacité de leur pays de revenir sur le chemin de la croissance et de la prospérité.
Partenaires étrangers
Certains secteurs, comme la haute technologie et la finance, sont fortement dépendants de l’étranger, notamment en matière d’échanges commerciaux et d’investissements ; ces activités ne pourront retrouver un rythme normal qu’avec le retour de la confiance des partenaires commerciaux et financiers d’Israël dans la stabilité de l’économie israélienne.
Ces cinq conditions sont sine qua non pour un retour à la normalité en Israël, aussi bien pour l’activité économique que pour la vie quotidienne ; autant dire que le retour à la normale ne sera pas au rendez-vous lorsque le conflit militaire prendra fin, mais bien plus tard.
Le gouvernement israélien sera jugé, par ses citoyens, sur ses capacités à mettre en œuvre les conditions d’une reprise rapide et efficace à la fin du conflit ; or la lenteur de réaction des autorités de l’Etat, notamment en matière budgétaire, laisse entrevoir une reprise d’activité lente et chaotique.