À Malmö, l’alliance du wokisme et des islamistes contre la candidate d’Israël à l’Eurovision
Réflexions sur la question de l’Eurovision. Mais tout d’abord sur la question juive mondialement télévisée. Quel est le sens dissimulé de ces manifestations assez peu nombreuses, mais entraînant une immense publicité exigeant – littéralement – l’exclusion de l’État juif du concert des nations ? Avant que de répondre à cette question sur le fond, quelques remarques accessoires.
La manifestation d’exclusion, à laquelle participa comme vedette centrale, une Greta Thunberg en keffieh, exprimant une telle haine qu’elle finit par être arrêtée, aurait été encore moins nombreuse ailleurs qu’à Malmö. Cette troisième ville du pays scandinave est en effet la capitale de l’islamisme en Suède. Il y a bien longtemps que les Juifs y sont «judenrein», interdits de cité dans les faits, sauf à mettre leur vie en danger. C’est à cause notamment de l’anti-modèle qu’est Malmö, que la Suède, gauche comprise, a été vaccinée contre l’immigration massive et invasive. Nulle part ailleurs qu’à Malmö, l’alliance entre l’extrême gauche pseudo-écologiste, le wokisme et l’islamisme n’aurait pu mieux fonctionner pour cracher sa haine du Juif qui se défend.
Nulle part non plus ailleurs qu’à l’Eurovision, l’alliance entre l’idéologie woke et les islamistes ne pouvait mieux se situer. L’Eurovision, cette Europe sans vision, sans Nations, sans langues nationales autres que l’anglais international – si possible non binaire – et où même le soleil est artificiel. Nulle part ailleurs qu’à Malmö, la haine du mal que peut inspirer un État-nation non musulman et occidental pouvait mieux fonctionner devant les micros de l’idéologie médiatique post-étatique aimablement tendus. À ce stade irrationnel, j’ai scrupule à employer des arguments de raison par essence peu productifs.
Je pourrais, une nouvelle fois, pour tenter de plaider la cause d’Israël et montrer le judéo-centrisme obsessionnel de ses contempteurs, montrer que ceux-ci ne se soucient aucunement des Soudanais déplacés par millions et massacrés par dizaine de milliers pour des raisons ethniques en ce moment. Human Rights Watch évoque dans le vide un génocide. Mais ces gens du Soudan ont le malheur supplémentaire de ne pas être victimes de Blancs mais de Musulmans radicaux.
Je pourrais bien évidemment plaider accessoirement que si, par hypothèse absurde, les griefs contre l’État juif pogromisé le 7 octobre (autant dire il y a cent ans) étaient opérants, on ne voit pas en quoi en serait responsable une simple femme nommée Eden Golan. Une femme sifflée, conspuée, consignée dans ses quartiers. Aurait-elle été violée, qu’elle aurait suscité des brigades haineuses le même esprit de charité que les femmes des kibboutz éventrées. Elle partage avec ses sœurs en malheur la même couleur blanche.
Je pourrais enfin stigmatiser une nouvelle fois ce mythe mensonger d’un génocide à Gaza, autant nié par les faits que par le droit. Mythe très équivalent symboliquement dans l’inconscient que celui du peuple déicide qui, à Pâques, le renouvelle en buvant le sang des enfants innocents. Mais l’énergie que je mettrais à m’époumoner réjouirait mes tourmenteurs. Car il faut bien comprendre que la haine irrationnelle d’Israël, de tout temps, a un aspect rituel. De l’Inquisition médiévale jusqu’à l’ONU des condamnations symboliques qui ne concernent qu’un État unique. Et plus l’accusation est disproportionnée ou injuste contre l’État juif, plus grand est le plaisir.
Dans ce cadre haineux, on remarquera sans grande surprise la grande passivité de l’antiracisme ordinairement vétilleux. On cherchera en vain la moindre prise de distance du Monde ou de l’audiovisuel du service public. Il est vrai que ce dernier était trop occupé hier à faire une grève de solidarité en faveur de Guillaume Meurice, humoriste certifié, qui avait récidivé à nazifier un juif circoncis à Sion malgré une première mise en garde de l’autorité de régulation. Dans ce contexte délétère, dans une courageuse tribune du Parisien, Sophia Aram sauva ce qui reste de l’honneur de France Inter.
Voilà qui nous conduit, après la description de la désolation, à esquisser celle de l’espoir. Avant la haine mondialisée, le peuple d’Israël était dangereusement divisé. Tel n’est plus le cas aujourd’hui. Même si l’intolérable et périlleuse insuffisance de son système politique et du personnel recruté apparaît crûment dans toute sa nullité. Surtout, une question se pose avec acuité. La haine empoisonnée en keffieh, immense, stupide, ignorante, hurlante, n’aurait-elle pas par sa diffusion inoculée dans le corps social sain, quelque vertu médicinale d’ordre vaccinal ?
La réaction populaire lors de la soirée télévisée pourrait accréditer cette hypothèse optimiste. Elle aura mis, dans tous les cas, quelque baume apaisant sur les cœurs endoloris. Au rebours des jurys d’artistes sensibles à la triste mode du temps, le public de quinze pays européens aura attribué le maximum de suffrages à l’État traîné dans la fange. La majorité silencieuse contre la meute hurlante. Voir ces centaines de milliers de gens venir apporter leurs voix à une femme et à son peuple meurtris, tandis qu’une autre haineuse était arrêtée par la force publique d’un pays d’Europe qui ne veut pas mourir et a décidé de reprendre son destin en main, pourrait ne pas être vain. Le vaccin contre la haine ou la capitulation devant l’occupation. Notre destin à la croisée des chemins.
Paru dans LE FIGARO le 13/05/2024. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.