A la recherche du vote arabe

Le dépôt des listes devant la commission centrale des élections a été marquée par une énorme surprise: la dissidence du parti Balad qui a mis fin à son appartenance à la Liste (arabe) unifiée.
De ce fait, trois listes arabes seront en compétition le 1er novembre : celle de Balad, ultranationaliste opposé à l’existence de l’Etat juif ; ce qui reste de la liste unifiée avec le parti Hadash (communiste) d’Ayman Odeh et le parti Ta’al (nationaliste) d’Ahmed Tibi ; la liste de Ra’am (parti islamo-conservateur) de Mansour Abbas qui fait partie d’actuelle coalition.
Traditionnellement, le taux de participation des électeurs arabes est inférieur à la moyenne nationale. Lorsque leurs partis sont unis, cette abstention différentielle est faible (10 % environ) et permet d’enregistrer des succès : en 2020, la représentation politique de la population arabe a atteint son maximum historique avec 15 députés.
Dès la fois suivante, la dissidence de Ra’am provoquait une rechute de l’abstention : seuls 42,5% des électeurs arabes se sont rendus aux urnes, la moyenne nationale s’établissant à 67,44%, et 10 députés (6 de la liste unifiée et 4 de Ra’am) réussirent à conserver leurs sièges. Selon les sondages, le 1er novembre prochain, le vote arabe pourrait être encore plus faible : 39%, voire 35%. A ce niveau, un des trois partis, sans doute Balad, serait privé de représentation. Cette supposition, confirmée par les sondages, majorerait les chances de l’actuel chef de l’opposition, Binyamin Netanyahou. Il existe également une autre hypothèse encore plus favorable pour lui : la dispersion des voix arabes (qui se portent aussi sur les partis juifs) pourrait aboutir à éliminer totalement les représentants de la liste unifiée et de Ra’am de la Knesset.
Dans ce cas, Binyamin Netanyahou disposerait d’une majorité de 62 ou 63 sièges. Des rumeurs font état d’un autre scénario. Yaïr Lapid, l’actuel Premier ministre, serait intervenu en faveur de l’éclatement de la liste unifiée qui, débarrassée des extrémistes de Balad, pourrait apporter dans son escarcelle les 4, 5 ou 6 mandats nécessaires. Mais pour cela, il faudrait que Yaïr Lapid réponde positivement aux conditions posées par Ayman Odeh et Ahmed Tibi.
Le gouvernement à constituer devrait notamment se prononcer formellement en faveur de la solution à deux Etats et engager immédiatement des négociations avec l’Autorité palestinienne. Ces conditions sont difficilement admissibles pour les alliés de droite du Premier ministre comme Gideon Sa’ar ou Zeev Elkin. En d’autres termes, l’éclatement de la liste unifiée bénéficie automatiquement à Binyamin Netanyahou et seulement sous conditions à son rival. L’équation dépend en premier lieu d’un paramètre quantitatif : le taux de participation des électeurs arabes le 1er novembre prochain.