À la maison

Le chef d'état-major de Tsahal, Herzi Halevi, assiste à une cérémonie marquant l'anniversaire du calendrier hébraïque de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 27 octobre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Le chef d'état-major de Tsahal, Herzi Halevi, assiste à une cérémonie marquant l'anniversaire du calendrier hébraïque de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 27 octobre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

C’est le titre de la chanson devenue l’hymne à la libération des otages diffusée en boucle lorsque les premières captives sont revenues. C’est aussi l’expression employée pour demander le retour de tou(te)s les autres (90 à l’heure où ces lignes sont écrites). Ces mots ont aussi une acception beaucoup moins positive en désignant la démission des personnalités publiques qui rentrent à la maison parfois volontairement, mais souvent contraints et forcés.

C’est le cas de Herzi Halévy, chef d’État-Major, qui a annoncé son départ le 6 mars prochain. Avec une honnêteté insoupçonnable, il a rappelé sa responsabilité dans l’échec du 7 octobre, soulignant qu’il en porterait le poids toute sa vie. Pourtant, ce général n’avait pas démérité dans la conduite de la guerre depuis le 8 octobre 2023 : en battant le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, et en contribuant indirectement à l’écroulement du régime de Bachar el-Assad en Syrie. C’est sous son commandement que Tsahal a impressionné le Monde entier avec l’affaire des bipeurs et d’autres exploits.

Mais Herzi Halévy avait un défaut aux yeux du gouvernement : celui de dire la vérité. Sur la catastrophe du 7 octobre, sur la possibilité de récupérer les otages et de terminer la guerre etc… Ce sens des responsabilités était insupportable pour un Benjamin Netanyahu refusant de reconnaître la sienne dans l’échec de l’État lors du Samedi noir.

Le professionnalisme du chef d’État-Major mettait aussi en évidence l’inutilité du nouveau ministre de la Défense, cet Israël Katz qui s’avère aussi incompétent et prétentieux à ce poste que dans tous ceux qu’il a occupés précédemment. Dès cette semaine, il procédera à l’audition des candidats à la succession de Herzi Halévy, des généraux dont la première qualité recherchée ne sera pas la compétence militaire mais la fidélité politique à un gouvernement discrédité.

Israël Katz, et plus encore Benjamin Netanyahu, attacheront du prix à la volonté des postulants de sanctionner les réfractaires qui, à l’appel d’associations comme « Frères d’armes » (Ahim la Neshek), déclarent à nouveau envisager de refuser de servir un pouvoir totalitaire.

Une mission sans doute beaucoup plus importante que celle de poursuivre les ultra-orthodoxes refusant la conscription, privant l’armée des 10 000 soldats supplémentaires dont elle a besoin. Eux pourront rester à la maison.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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