7 octobre 2024 : point de bascule

Les amis et la famille des victimes du massacre du festival de musique Nova, sur le site du massacre dans le sud d'Israël, un an après le pogrom perpétré par le Hamas, à Reïm le 7 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les amis et la famille des victimes du massacre du festival de musique Nova, sur le site du massacre dans le sud d'Israël, un an après le pogrom perpétré par le Hamas, à Reïm le 7 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Aujourd’hui, quand Israël s’engage frontalement dans la bataille existentielle, des esprits faibles du monde libre s’adonnent à la luxure de la capitulation.

17:50 le 7 octobre 2024 : Je n’ai même pas démarré. J’avais prévu de passer cette journée infâme à écrire. Bloquée déjà par le prologue qui insiste… Je ne veux pas parler de moi, mais du parcours de ma génération.

Il se trouve que le 6 octobre est ma date de naissance sur le calendrier civil. Sur le calendrier hébraïque c’est évidemment erev kippour, le kol nidre. Le 6 octobre 2023 il y avait des bouquets de fleurs dans toutes les pièces et la journée a été comblée de coups de fil et de zooms de tendresse. Le 7, tout s’est brisé.

Le 6 octobre 1973, c’est la guerre de Kippour. Le triomphal « Pont du 6 octobre » au Caire mène à la Place Tahrir où, en janvier 2011, le peuple s’est révolté. A sa façon.

J’ai vu naître l’État d’Israël. J’ai la hantise de le voir s’ébranler devant mes yeux, sur le petit écran.

Rahamim

Haverim, mes frères, sœurs, cousins, enfants, petits-enfants brutalisés, cibles d’une cruauté abominable. Des êtres inhumains se sont acharnés contre vous, armés d’une haine acérée qui déchire, écrase, brûle, pénètre, écrabouille, étrangle, étouffe, qui multiplie les outrages, viole les orifices, arrache les membres. On vous a lacérés, explosés, fusillés.

Des sous-hommes ivres de haine génocidaire, hurlant Allahou Akbar, se regardant dans le miroir de leurs GoPro’s, les organes bandés d’effluves empoisonnées, l’haleine brûlant des feux de l’enfer, jouissant d’une brutalité orgiastique, en meute, t’ont pourchassé, t’ont fait subir, t’ont exterminé encore et encore.

Leurs yeux, leurs dents, leur souffle, leurs bras, leurs jambes, leur peau, leurs tripes, tout enflammés du désir mortifère de faire couler le sang de l’enfant dans le sang de la mère, d’abattre le père devant le fils, de jeter le vieillard au fond du puits d’infamie ; et ceux qu’ils n’ont pas consommé sur place, ils les ont tirés par les cheveux et traînés jusqu’aux boyaux de leur terre maudite.

Dans notre mémoire, encore et pour toujours habitée des nôtres entassés comme du bois de chauffe, les moudjahidin du 7 octobre 2023 ont introduit de nouvelles formes de haine exterminatrice, un défilé en couleurs monstrueuses, corps mutilés, demeures calcinées, fêtards fauchés dans leur pas de danse, le sourire en rictus, les bras de tendresse pulvérisés, le ventre fécond tranché, le chant égorgé.

Nos pleurs sont dérisoires, nos cris sont muets, la nuit ne ferme pas l’œil, le jour ne se lève pas, le temps de soulagement est loin. Que veut dire « un an après » le 7 octobre quand l’après n’est pas encore venu ?

Point de bascule

L’incursion monstrueuse du 7 octobre est l’apparition de tout ce qu’on essaie, depuis des décennies, de nier : les Écritures, l’Histoire, l’actualité, le rapport des forces, la stratégie du jihad du XXIe siècle.

Ce pourquoi les lâches se sont empressés de nier ce qu’ils venaient de voir. Pour se précipiter dans le marasme de la solution à deux États. Et régurgiter des saloperies de riposte disproportionnée jusqu’au risque-de-quasi-génocide. Pauvres femmes et enfants tués. Force excessive. Vengeance. Pas de solution militaire. Diplomatie, chers amis, pas cette brutalité. Le tout à l’avenant.

D’abord, c’est le jihad

La faculté d’Histoire de l’University of Wisconsin jouait, à cette époque et à juste titre, d’une excellente réputation. Étudiante en Histoire américaine, j’ai aussi exploré en profondeur l’Histoire de la Russie et du Japon. Je m’intéressais à tout : le français, la littérature comparée, la géopolitique.

On admirait Castro, Che Guevara, los muchachos dans la Sierra. Nos muchachos à nous sont allés, quelques années plus tard, rejoindre le gouvernement révolutionnaire d’Allende.

Du jihad, pas un mot, pas un ouvrage, pas un brin de conscience. La colonisation européenne, oui. L’ingérence coupable des yankees dans le sud des Amériques, bien entendu.

Nous avons accompagné le mouvement des droits civiques des Noirs et, par extension, la lutte de libération des pays africains. Sans rencontrer, sur ce chemin douloureux et exalté, la moindre mention du jihad. Malcom X s’est égaré dans l’Islam, l’accrochant à la liberté, et nos jazzmen, devenus Talib et Kamal, planaient sur l’herbe de Tanger. Sans nous rapporter du folklore sur le jihad par lequel leur milieu exotique était devenu musulman.

Installée à Paris, baignée dans cette avant-garde de négritude, je dansais à Ouaga comme au Quartier Latin, je faisais déhancher la langue française au rythmes de mes comparses francophones chrétiens, animistes, musulmans, tous à la recherche d’une voix authentique, tous unis contre le racisme. Du jihad il n’a jamais été question.

Nos chemins ont bifurqué en 2000

J’ai découvert la petite grande Bat Ye’or en tailleur jaune à l’Hôtel Tulipe, qui a apporté cet énorme pan de l’histoire mondiale qui manquait cruellement à notre connaissance. Andy Bostom [The Legacy of Jihad], David Littman & Paul Fenton [L’Exil au Maghreb] ont réuni des documents accablants. Tout y est : le Coran, la Conquête, l’oppression barbare des Juifs des pays islamisés. L’obligation de mener le jihad jusqu’à ce que tous les hommes acceptent la domination d’Allah, se soumettent à la charia… Sauf les Juifs. Ils doivent mourir, jusqu’au dernier.

Tous les Musulmans n’acceptent pas ce programme ambitieux, mais tous ceux qui l’acceptent s’efforcent de l’appliquer. Avec une population totale de plus d’un milliard, ça te fournit de la main-d’œuvre !

Ils sont plus d’un milliard et tu ne te demandes pas comment et quand ? Ils ont croqué et avalé 57 pays, se sont répandus sur la surface de la terre, ont effacé de grandes civilisations les unes après les autres, ont élevé partout les minarets de leurs mosquées et personne ne demande comment et quand ?

Depuis la chute du califat ottoman, les diverses factions islamiques tentent de se hisser au pinacle. On pourrait parler d’escalade ! Depuis 1979, c’est l’Iran des ayatollahs qui domine et de ses hautes tours envoie les bataillons des provinces mener le jihad pour son compte. Ce ne sont pas vraiment des proxies. Ce sont des moudjahidin, et leur pays c’est l’oumma.

Lire aussi : « Cris de guerre XI » publié par Tribune Juive.

à propos de l'auteur
Nidra Poller, née en 1935 à Jessup, Pennsylvania (USA) vit depuis 1972 à Paris. Sa carrière littéraire débute avec la publication en 1966 d’une nouvelle, « Wedding Party in Piazza Navona » dans la revue Perspectives. Romancière, auteur d’une œuvre de fiction en anglais et en français, elle est connue depuis 2000 comme journaliste. Ses articles ont paru dans une large gamme de publications d’envergure internationale, dont INQUISITR, Tablet, Midah, New English Review, Dispatch International, Commentary, Wall Street Journal Europe, National Post, (Canada) Jerusalem Post, Israel Affairs, Makor Rishon, Standpoint, NY Sun… Parutions récentes : {fiction} Karimi Hotel & autres nouvelles d’Africa, l’Harmattan, 2011 Karimi Hotel & other African equations, authorship intl, 2012 {actualité} Al Dura: Long Range Ballistic Myth, authorship intl, 2013 {à paraître fin 2014} Gaza-Israel Dateline Paris, authorship intl. Notes from a Simple Citizen, authorship intl,
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