3,25 % et 61 sièges

3,25 % est un chiffre magique, celui du seuil électoral. En deçà, les voix obtenues par la liste sont perdues ; au-delà, elle obtient quatre sièges minimum.
A l’heure où ces lignes sont écrites, nombre de listes sont créditées par les sondages de scores inférieurs au seuil fatidique.
C’est notamment le cas pour les nouveaux partis qui se situent dans ce marais – que l’on nomme par commodité le centre-gauche – dirigés par Moshé (Bougi) Yaalon et Ofer Shelah. Le parti de Ron Houldaï, Meretz, et surtout Bleu-Blanc (Kahol-Lavan), franchissent tout juste le seuil.
Si une ou deux de ces listes n’obtenaient pas ces fameux 3,25 %, les opposants à Binyamin Netanyahou ne pourraient atteindre un autre chiffre magique : celui de 61 députés (sur 120) qui permet de former une coalition. D’où la nécessité absolue de ne perdre aucune voix.
C’est la raison essentielle qui conduit les chefs de partis à négocier avec leurs rivaux des accords d’union. Benny Gantz, en mauvaise posture, a proposé une méga-fusion entre toutes les listes se situant sur ce créneau bien encombré de l’échiquier politique.
Rien ne dit que ses anciens alliés voient d’un bon œil la présence de celui qui passe maintenant pour un looser. Mais rien n’interdit non plus de réserver une place à d’autres candidats de son parti. A droite, la situation est un peu plus simple mais pas vraiment limpide. Gideon Saar semble maintenir son influence avec la petite vingtaine de sièges que lui promettent les sondages et ne craint pas de dissidence.
Naftali Bennett est dans une situation plus complexe : son allié d’extrême-droite, Betzalel Smotricht, formule des exigences en nombre de sièges et d’engagements pour l’avenir que le chef de Yemina (A droite) ne peut satisfaire.
Le premier déclare donc qu’il fera cavalier seul et, grâce aux voix des habitants des territoires, fera élire au moins 4 députés venant renforcer le camp d’un Binyamin Netanyahou qui en a bien besoin.
Mais la dissidence de ce partenaire encombrant pourrait s’avérer un avantage pour Naftali Bennet en lui permettant de braconner sur les terres du centre afin de dépasser son rival Gideon Saar. Car, au-delà de la confusion actuelle, il apparaît que seules quatre têtes de liste seraient en mesure de postuler à la direction du gouvernement : le sortant, Binyamin Netanyahou, ses deux concurrents de droite Gideon Saar et Naftali Bennet, et celui du centre Yaïr Lapid.
Le jeu étant très ouvert, on comprend qu’aucune erreur ne sera pardonnée aux postulants, d’où le soin qu’ils mettent à négocier leurs alliances. D’ici le 4 février, date de dépôt des listes devant la commission centrale des élections, nul doute que les tractations iront bon train et qu’il y aura des surprises jusqu’au dernier moment.
Ainsi va la politique au pays de la proportionnelle intégrale et des chiffres magiques.